Les insectes d'avril, et un MOOC pour les identifier
Avant de m'intéresser aux abeilles sauvages, j'étais persuadée qu'il n'y en avait pas chez moi. En revanche, je voyais des sortes de petits bourdons, ou peut-être de guêpes, ou peut-être de mouches. Erreur ! Pour les identifier, un MOOC, un cours en ligne, sur les pollinisateurs est disponible jusqu'au 7 mai sur la plateforme Tela Botanica. Même après la fermeture des activités interactives, les vidéos et les documentations resteront en ligne. La période est bien choisie car la plupart des espèces d'abeilles sont observables d'avril à juin, ce qui permet de les découvrir dans les jardins tout en suivant le déroulement du cours.
Les abeilles
L'identification exacte d'une espèce d'abeille exige bien souvent de l'occire pour l'examiner par morceaux au microscope. Je m'y refuse. A l'oeil nu il faudra se contenter la plupart du temps du genre (la dénomination d'un animal est composée du nom du genre, comme Homo, et d'un adjectif qui précise l'espèce, comme sapiens).
J'ai trouvé au jardin des andrènes, les abeilles des sables (appartenant au genre Andrena) avec leurs longs poils sur les pattes arrière, et à leur base une petite touffes de poils recourbés, voire frisés, les floculli, des petites zones veloutées au bord des yeux, les fovéas. Elles nichent dans le sol, sablonneux ou argileux, dans des talus, ou dans la terre à l'aplomb d'un rocher pour se protéger de la pluie.
Pour les aider, mieux qu'un hôtel à insectes, j'ai installé à l'abri d'un gros conifère une boîte expérimentale imitant un talus : une caisse à bouteilles de vin remplie d'un mélange de sable et d'argile. Laissé quelques heures sous une pluie fine, le mélange est plus argileux au fond et plus sablonneux sur le haut. La première nuit, ce contenu a été creusé par un chat ou un renard, je l'ai donc recouvert d'un grillage à poules. Un saule pleureur situé à proximité attirera peut-être des andrènes des saules (Andrena bisalicis) qui trouveront ainsi le gîte et le couvert.
Je vois aussi des osmies (classées dans le genre Osmia), des abeilles noires et rousses très communes, qui construisent souvent leur nid dans les trous d'aération des fenêtres, ce qui est effectivement le cas chez moi. Les femelles portent de minuscules cornes sous les antennes. Deux espèces sont faciles à identifier : l'osmie cornue, thorax noir et abdomen roux vif, et l'osmie rousse, thorax et abdomen de plusieurs tons de brun-roux.
Pour favoriser leur installation hors des trous de fenêtres, je mets à leur disposition des boîtes de conserve remplies de tronçons de bambous. Dans l'une le fagot est stabilisé par du plâtre, dans l'autre par de l'argile. Ces deux matériaux sont mis à sécher en penchant le récipient pour l'empêcher de rouler quand il sera posé sur un tas de bois. L'article Inviter les pollinisateurs donne d'autres conseils pour reconstituer des milieux favorables.
Les abeilles mellifères (Apis mellifera mellifera), l'abeille noire sauvage et l'abeille domestique, ne se réveillent pas en même temps, la première étant moins frileuse.
Autre découverte : l'anthophore plumeuse (Anthophora plumipes), une abeille trapue en manteau de fourrure avec de longs poils sur les pattes. Celle-ci est grise, elle existe aussi en plusieurs coloris. Elle est terricole comme l'andrène, elle construit son nid dans la terre.
Les bourdons
Les bourdons sont des abeilles à part entière (appartenant au genre Bombus). Ils sont les premiers à sortir de leur abri au printemps car ils supportent mieux le froid que les autres abeilles.
Bourdon terrrestre (Bombus terrestris), bourdon des pierres (Bombus lapidarius), bourdon des champs (Bombus pascuorum)
Le bombyle
Bombylius major se fait passer pour un bourdon, c'est en réalité une mouche comme l'indiquent ses yeux à facettes presque joints, alors que ceux du bourdon sont très brillants et placés sur les côtés de la tête. Sa très longue trompe lui permet d'accéder au nectar des fleurs tubulaires.
Et les pollens
Le pollen n'est pas forcément jaune. Voici du pollen orange, celui du pissenlit, le pollen bleuté des scilles, et le pollen jaune vif du saule.
Abeille noire et pollen jaune de saule, bourdon des champs de retour d'un pré de pissenlits, abeille mellifère et pollen bleu des scilles
A suivre au fil des saisons...