Chats et oiseaux

Publié par Marie-Claire RAVE

Des heures à observer derrière la fenêtre...

Des heures à observer derrière la fenêtre...

Les gens heureux ont des poils de chat sur leurs vêtements. Pas question de choisir entre le chat et les oiseaux, il ne nous reste plus qu'à les faire cohabiter.
Ce n'est pas la faim qui pousse les chats à chasser les oiseaux, car la domestication ne leur a pas fait perdre leur instinct de chasseurs. La chasse est pour eux plus ludique qu'alimentaire, c'est aussi l'occasion de rapporter des trophées à leurs maîtres en signe de remerciement.
Aussi, dans le cadre d'une étude participative initiée par la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux), quarante volontaires ont testé divers dispositifs d'éloignement des chats. Deux courtes vidéos exposent ce qui a bien fonctionné. Résumé.

Etre propriétaire responsable

La stérilisation : il est important de faire stériliser ses chats pour éviter leur prolifération dans la nature.  Autres avantages pour le maître : cela évite le marquage du territoire et les maladies.

La sécurité alimentaire : un chat chassera moins s'il a la certitude d'avoir à sa disposition en permanence de la nourriture sèche et humide. Une étude récente (2021, voir Sources) montre qu'une alimentation carnée réduirait le besoin de prédation, ce qui pose un problème écologique et éthique. L'arrivée de la viande cellulaire pourrait y remédier.

La protection : cela peut paraître évident, mais la LPO conseille de ne pas abandonner son chat ! A contrario, si un chat errant arrive chez vous, adoptez-le ou contactez une association locale de protection des droits des chats.

Photo Léa Porron

Le jeu : il permet d'extérioriser les instincts de chasseur du chat. Un petit objet au bout d'une ficelle imitant vaguement les mouvements d'un animal suffit. Après dix minutes de jeu, la prédation est réduite d'un quart (même source). Autre avantage : l'exercice est bon pour sa santé.

Une occupation aux moments stratégiques : gardez-le autant que possible à la maison en l'occupant en période d'envol des jeunes oiseaux, ou par grand froid ou forte pluie. On peut aussi le rendre plus visible avec un collier de sécurité garni de clochettes ou une collerette de couleur vive.

Aménager son jardin

La création de zones refuges pour la petite faune : hautes herbes, haies, murs en pierres sèches, spirales à insectes...

Des outils testés par la LPO : les grilles Stop Chat hérissées de picots en plastique, qui dérangent les chats sans les blesser, le Stop Minou pour rendre un arbre inaccessible aux chats, un tube de PVC ou un entonnoir autour des pieds des mangeoires,

Un répulsif maison à pulvériser quotidiennement autour des mangeoires : 10 gouttes de citron et 20 gouttes d'huile essentielle d'Eucalyptus radiata dans un litre d'eau.

Le Coleus canina : c'est une plante répulsive qui dégage une odeur que les chats n'apprécient pas, ils ne restent pas longtemps dans les parages.

L'appareil Catwatch émet des ultrasons qui éloignent les chats.

Un arrosage automatique à détecteur de mouvement : les chats détestent l'eau ! A orienter correctement pour ne pas déranger les oiseaux.

Mon expérience

Pour l'aménagement du jardin, j'ai un truc : le grillage à moutons. En observant mes chats, je repère les endroits où ils se cachent pour s'élancer sur leurs proies (essentiellement des rongeurs, mais aussi les oiseaux).

Caché dans la végétation, un rectangle de grillage judicieusement placé arrête  les chats mais pas les oiseaux.

A proximité des mangeoires, les oiseaux ont besoin de branches d'attente pour faire la queue. Je remarque que beaucoup d'entre eux, plutôt que de fréquenter les mangeoires, préfèrent attendre que leurs congénères les plus sociables lâchent leurs graines, et ils leur chipent. J'entoure donc les arbustes de mon grillage à moutons pour protéger la zone.

Nous avons planté des haies à oiseaux, sur deux rangs pour sanctuariser un espace d'un mètre ou deux, un carré de grillage par-ci par-là n'empêche pas les chats de circuler mais les empêche de s'élancer.

Après avoir travaillé la terre, nous disposons quelques cylindres du même grillage pour protéger les rouges-gorges qui continuent le travail de la terre après notre passage.

Placé horizontalement sur les semis ou les zones de graminées, un peu surélevé par des bambous, le grillage constitue pour les chats un parcours du combattant.

Pas de rangement à prévoir, le grillage trouve sa place en toute saison en fonction du rythme de vie du jardin. Et il est recyclable à l'infini.

S'il se voit, c'est temporaire, s'il ne se voit pas, c'est que c'est réussi.S'il se voit, c'est temporaire, s'il ne se voit pas, c'est que c'est réussi.

S'il se voit, c'est temporaire, s'il ne se voit pas, c'est que c'est réussi.


Les différents statuts des chats domestiques
 
  • Le chat de propriétaire est nourri, identifié, le plus souvent stérilisé, soigné et sous la responsabilité d’une personne. On estime sa population en France à près de 13 millions d’individus.
  • Le chat dit libre, défini par l'article L211-27 du Code rural et de la Pêche maritime, est nourri, identifié, stérilisé et soigné. Il est sous la responsabilité du maire ou d’une association de protection de la nature. Capturé, puis relâché sur le lieu de capture, le territoire reste défendu par des chats stérilisés et non pas réinvesti par des individus féconds.
  • Le chat errant, statut non défini par la loi, est nourri, plus ou moins régulièrement, par l’Homme. On estime sa population en France entre 8 à 10 millions. Les maires ont l'obligation de prendre en charge les chats errants. Une fois identifiés, stérilisés, soignés, nourris, sous la responsabilité du maire ou d'une association, ils acquièrent le statut de chats libres. Les maires ne peuvent les mettre en fourrière que si une campagne de stérilisation est impossible. Des dérogations peuvent également être demandées dans les départements officiellement infectés de rage.
  • Le chat haret (ou chat féral) est un chat domestique retourné totalement à l’état sauvage. Il vit et se reproduit librement dans la nature. Il n'existe pas de donnée à l’échelle nationale.


Le cas particulier des chats errants

Ils posent un problème écologique réel : ils peuvent servir d'agent de transmission à l'homme de certaines maladies comme la toxoplasmose, ils font concurrence aux  prédateurs naturels tels que la fouine, la martre, la belette ou l'hermine, et sont comme les chats de propriétaire de grands prédateurs d'oiseaux. Faut-il pour autant s'interdire de les nourrir ? C'est ce que font certains maires par arrêté municipal.
Certaines associations ou fondations plaident le contraire. Selon la Fondation 30 Millions d'amis, le chat errant a le statut d'animal domestique selon l'arrêté du 3 avril 2014, or le fait de priver de nourriture et d'abreuvement un animal domestique est reconnu comme cruauté passive conformément à l'article R214-17 du Code rural. Le fait de nourrir les chats errants selon cette fondation a l'avantage d'éviter l'éventration des poubelles et l'intrusion dans les maisons en quête de nourriture, et de maintenir les chats dans un état sanitaire satisfaisant, alors que des animaux affaiblis vont inévitablement déclarer et propager des maladies.
A chacun de décider selon sa sensibilité...

A trouver sur le catalogue en ligne de la LPO (photos LPO)

Le Stop-Minou
On trouve également sur Internet comment  le fabriquer soi-même.
A compléter par un choix judicieux de nichoirs : nichoirs à balcon, protection du trou d'envol, toits métalliques... contre tous les prédateurs

Le système Catwatch : il fonctionne par émission d’ultrasons et se déclenche grâce à un détecteur à infra-rouges par le mouvement et la chaleur corporelle des chats lorsqu’ils pénètrent dans la surface couverte (hauteur de l'appareil 15 cm).

La collerette Birdsbesafe pour rendre visible vos chats. On peut aussi la fabriquer soi-même, avec ou sans clochettes. Attention, elle doit facilement céder si le chat s'accroche à une grillage ou autre obstacle.

La grille Stop-Chat
En plastique, ne blesse pas les chats mais les dérange énormément. A placer au sol horizontalement autour des mangeoires, au pied des grillages, ou bien gainer les branches ou les supports de mangeoires.

Sources, informations complémentaires
Sur le jeu et l'alimentation, un article de Current Biology du 11 février 2021, Provision of High Meat Content Food and Object Play Reduce Predation of Wild Animals by Domestic Cats Felis catus

Publié dans Aménagements, Oiseaux

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :