Une abeille solitaire, la mégachile du rosier

Publié le par Marie-Claire RAVE


Certaines abeilles sont totalement ou partiellement inféodées à une plante. C'est le cas de la mégachile du rosier, Megachile centuncularis (centuncularis signifie cotonnière), très facile à observer en fin d'été, lors de la floraison des dernières roses, quand les autres abeilles solitaires se font rares. 

Sa position caractéristique

Une abeille tapissière
Nous venons de faire changer notre porte en chêne. Le menuisier nous a expliqué que la norme pour les trous d'aération a changé, ils sont désormais plus grands pour éviter l'installation des osmies, les petites abeilles sauvages qui y installent habituellement leur couvain. Ce qui n'était pas prévu, c'est que la mégachile du rosier, qui a besoin d'un diamètre un peu supérieur, occuperait aussitôt le terrain.
C'est une abeille coupeuse de feuilles, ou abeille tapissière.
Vu l'état des feuilles et des pétales de nos rosiers, poinçonnés comme à l'emporte-pièce, nous savions que cette espèce fréquentait le jardin, sans l'avoir remarquée au milieu des innombrables hyménoptères. Elle ne met pas pour autant les plantes en danger.
Alors que la période de vol de beaucoup d'abeilles sauvages s'étend d'avril à juin, celle de la mégachile du rosier se calque sur la floraison des roses. La remontée de septembre leur offre de quoi tapisser leur nid, et permet de les observer car elles sont parmi les dernières à s'activer.
On la reconnaît à sa brosse ventrale orange imposante, qui lui sert à se tartiner d'une grande quantité de pollen. Sa position est caractéristique : au lieu de se plier en avant comme les autres abeilles pour butiner, elle se cambre et relève son abdomen, qui lorsqu'elle butine prend la couleur du pollen qu'elle a collecté.

D'abord les feuilles, ensuite les pétales.

La construction du nid
La voilà donc qui investit le trou de la porte, à cheval sur son morceau de feuille découpé en rond comme un confetti. Elle va confectionner des cellules, une par larve. Elle commence par tapisser les cellules de feuilles puis, quand le gros-oeuvre est terminé, elle passe à la finition avec des pétales, plus confortables, qui se trouveront en contact avec les larves. Pendant le transport sa brosse ventrale est vide, les voyages suivants seront consacrés à alimenter le nid en pollen et en nectar pour nourrir la larve tout au long de son développement qui dure plusieurs mois.
Quand le trou est rempli, elle construit le bouchon, et cette fois-ci ça n'a pas dû être facile, si j'en crois les confettis froissés abandonnés sur le seuil de la porte. Néanmoins, après plusieurs jours un bouchon chiffonné est toujours visible dans l'orifice.
Pendant les allers-retours, une autre abeille solitaire, une abeille coucou, qui ne construit pas de nid mais pond dans celui des autres, est tapie dans l'ombre. Elle attend que la mégachile ait le dos tourné pour déposer un oeuf dans la cellule à peine terminée, oeuf qui donnera une larve précoce qui tuera la locataire initiale. Mais l'abeille coucou aussi a droit à la vie ! D'autant que certaines espèces sont menacées. Quant à "ma" mégachile, il semble bien que sa progéniture soit condamnée. 

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Sa brosse ventrale chargée de pollen

L'inviter au jardin
C'est pourquoi la mégachile a tout intérêt à choisir pour son nid un emplacement qui lui évite de trop longs déplacements laissant le champ libre aux intrus, un emplacement bien fourni en rosiers pour la construction du nid et en fleurs à coeur plat pour charger facilement sa brosse ventrale de pollen. Ce sont principalement les Astéracées, qu'on appelait autrefois les Composées, car le coeur est en réalité composé d'une myriade de minuscules fleurs : marguerites, souci, tournesol, échinacées, et surtout les plus tardives, qui fleurissent en même temps que la remontée des rosiers en fin d'été, les asters.
Forte de cette expérience, je mettrai à la disposition de la mégachile :
. un rosier supplémentaire plus près de la maison,
. une touffe d'asters à  proximité immédiate,
. des fagots de cannes de bambou de diamètres variés dans les rosiers existants.

Travail de mégachileTravail de mégachile
Travail de mégachileTravail de mégachile

Travail de mégachile

Abeille coucou (il faudrait la capturer pour déterminer l'espèce)Abeille coucou (il faudrait la capturer pour déterminer l'espèce)

Abeille coucou (il faudrait la capturer pour déterminer l'espèce)

Voir aussi Inviter les pollinisateurs

Chroniques à retrouver dans le livre Merveilleuse faune du jardin

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