Le nénuphar jaune

Publié le par Marie-Claire RAVE


Le nénuphar jaune, Nuphar lutea, est l'espèce sauvage d'Europe, contrairement aux nymphéas peints par Monet, qui sont des plantes exotiques bien acclimatées sur notre continent. Très rustique, il se contente d'une eau non polluée pas trop acide et d'un sol argileux et vaseux.

Un parasol aquatique
En ces temps de canicules de plus en plus fréquentes, les larges feuilles flottantes du nénuphar jaune peuvent limiter le réchauffement de l'eau en fournissant une ombre dense.

Un refuge pour la faune
Lorsque les amphibiens et autres petits peuples de la mare ne disposent pas d'ombre, ils peuvent se réfugier sous les feuilles flottantes. Elles servent à l'occasion de piste d'atterrissage aux insectes pour boire. Le nénuphar jaune développe aussi des feuilles immergées, plus fines et fragiles, qui peuvent abriter les diverses larves aquatiques. Le développement vertical et en profondeur de la plante offre trois étages d'abris, racines, feuilles immergées, feuilles flottantes. 

Rhizome émergent

Une île
 Un quatrième étage se forme même lorsque la plante prend de l'âge. L'enchevêtrement des rhizomes peut émerger de dix ou vingt centimètres au-dessus de la surface de l'eau jusqu'à constituer un îlot au centre de la plante. C'est une opportunité pour compléter les berges d'une petite mare ronde, qui ne présente pas de grandes possibilités de dessiner des bords sinueux. Pour cela, on laisse se développer les rhizomes, qui restent présents même en hiver quand le feuillage caduc meurt, car la plante résiste à - 20° à condition d'être plantée sous 40 cm d'eau. Leur présence est surtout utile au début du printemps, au réveil de la faune, en attendant l'apparition des nouvelles feuilles. 

Le périphyton

Un voisin très spécial
Cette dentelle verte qui se développe autour des feuilles de nénuphar est un ensemble de microorganismes aquatiques divers, dont des algues filamenteuses visibles à l'oeil nu. Les scientifiques l'appellent le périphyton. Il constitue une base de la chaîne alimentaire dans la mare, une source de nourriture pour les têtards et larves de triton par exemple, et produit de l'oxygène. En l'éliminant pour des raisons esthétiques, on affecte la richesse et la diversité de la petite faune. A l'inverse, lorsque les algues filamenteuses forment des masses qui envahissent la mare, elles sont un signe de déséquilibre de l'eau et on est conduit à les éliminer. Voir la chronique L'entretien annuel de la mare.
Si le nénuphar accueille une collerette d'algues et autres organismes, en revanche il élimine la concurrence, en produisant des molécules toxiques pour les autres plantes qui comme lui vivent racines dans l'eau et feuilles flottantes. A lui seul il finit par former ainsi d'immenses herbiers sur les étangs. J'ai remarqué qu'il s'entend bien avec les plantes semi-aquatiques comme les iris des marais, les massettes ou le populage, mais qu'aucune plante d'eaux plus profondes n'a pu prospérer dans la mare où il est installé, tandis que la mare presque contigüe est couverte de plusieurs variétés de nymphéas.

Le fruit

Une plante facile à reproduire
Alors que le semis des nymphéas est affaire de professionnels, le nénuphar jaune germe facilement dans une mare. La fleur se forme sous l'eau et s'épanouit à la surface. Après fécondation, lorsqu'elle fane, un petit fruit se forme au centre. Il grossit et mûrit, jusqu'à ce que son enveloppe éclate pour libérer les graines entourées d'une pulpe blanche spongieuse. Puis cette éponge se dissout et les graines rondes et brillantes peuvent se disperser dans l'eau. De petites feuilles immergées et émergées apparaissent et flottent au bout de quelques fines racines ou s'enfoncent dans l'eau du fait du poids de la graine. Le jeune plant ne se développera que s'il trouve sur son chemin suffisamment de vase ou de végétaux en cours de décomposition pour s'y nourrir. 
Le hasard décide donc du sort des bébés néhuphars. Pour mettre toutes les chances de votre côté, la meilleure solution consiste à bouturer un tronçon de rhizome pourvu d'un bourgeon. 
Je constate que les vieux rhizomes déplaisent souvent, ce qui est dommage pour la faune, mais admettons. Dans ce cas il est facile de l'extraire après cinq ou six ans d'âge, en conservant les jeunes plants de trois ou quatre ans.
C'est aussi un moyen de limiter son expansion dans une toute petite mare, car il ne faut pas compter le limiter en le plantant dans un panier, les racines auront vite fait de passer par dessus bord.

La fleur et le petit fruit en formation, le fruit éclaté libérant les graines enveloppées, et enfin les graines.La fleur et le petit fruit en formation, le fruit éclaté libérant les graines enveloppées, et enfin les graines.
La fleur et le petit fruit en formation, le fruit éclaté libérant les graines enveloppées, et enfin les graines.La fleur et le petit fruit en formation, le fruit éclaté libérant les graines enveloppées, et enfin les graines.

La fleur et le petit fruit en formation, le fruit éclaté libérant les graines enveloppées, et enfin les graines.

Publié dans Aménagements, Plantations

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