Ludiques et pédagogiques, les nouveaux jardins de la Saline Royale d'Arc-et-Senans

Publié le par Marie-Claire RAVE


Un Cercle Immense, c'est le nouveau nom de ces jardins, car le demi-cercle de la Saline a été doublé pour obtenir le cercle entier prévu par l'architecte Claude-Nicolas Ledoux à la fin du XIXe siècle et jamais réalisé.

Changer de regard sur le jardin
Fini le jardin classique rempli d'arbres et de fleurs d'origine horticole, avec des méthodes de culture comme la taille, l'utilisation d'engrais et de désherbants. Déjà auparavant, des principes de respect des sols et de préservation de la biodiversité présidaient au festival des jardins : emploi massif de paillage pour remplacer à moyens constants le désherbage chimique, utilisation de plantes locales, constructions en terre, conception permettant de limiter l'arrosage, présence de mares... La reprise des douze jardins par une équipe pluridisciplinaire sous la houlette de Gilles Clément, paysagiste et artiste, pousse la philosophie beaucoup plus loin en reprenant les concepts de Tiers paysage, de Jardin planétaire et de Jardin en mouvement comme au Domaine du Rayol.

Les Jardins en mouvement
Les douze jardins éphémères deviennent permanents. Ils pourront être visités toute l'année. Le végétal est vu sous un angle poétique : le voyage et la dormance des graines, les capacités extraordinaires des plantes à s'adapter, les ressources merveilleuses de la forêt comestible, la vie du sol... Les enfants qui circulent dans les structures permanentes s'amusent comme des fous, tous les jardins intègrent des espaces naturels de jeux, des cabanes, des chemins pour courir pieds nus, des cachettes.
A la structure forte des jardins s'oppose l'aspect foisonnant des plantes. "Jardins en mouvement" car on observe l'évolution des végétaux, on laisse les espèces exotiques se mélanger à des plantes spontanées et le jardinier intervient le moins possible.

Car Gilles Clément n'est pas un extrémiste de la végétation locale. Le voyage des plantes autour de la planète a toujours existé, même s'il s'est considérablement accéléré au XXe siècle. L'un des thèmes, La Grainothèque voyageuse, met en valeur les stratégies très imaginatives de dispersion des graines et ce brassage planétaire, qui continuera avec le temps à s'opérer l'échelle du jardin.
Les sculptures de graines réalisées en argile sont l'oeuvre d'enfants dans le cadre d'un projet éducatif lié à la Saline.
Les cheminements conçus pour être parcourus pieds nus ne sont pas seulement un jeu. Ils s'inscrivent dans le thème du recyclage, celui des matériaux comme les noyaux de pêche adoucis, celui de la végétation transformée en humus et en sol ou celui de la Kerterre, maison fabriquée en terre.
Les nombreux points d'eau, accompagnés de diffusion de brume, créent des ambiances poétiques tout en révélant leur importance pour la biodiversité. 

Les Jardins thématiques
Ils balayent les grands problèmes que nous aurons à gérer avec le dérèglement climatique, comme la résilience de la nature après les événements extrêmes comme une tempête, l'adaptation de la biodiversité cultivée, le retour au sol vivant grâce à l'agroécologie, la gestion de l'eau, la réduction du transport et la suppression du béton grâce à l'utilisation de matériaux locaux et leur recyclage à l'infini.
La plupart des sujets de réflexion concrétisés dans les parcelles thématiques sont facilement transposables dans nos potagers et jardins d'agrément. Quelques-uns nécessitent des moyens et des actions collectives, comme le Jardin des céréales anciennes, réalisé avec Graine de Noé. Cette association collecte et sème des blés anciens, stock vivant qui constitue un observatoire des céréales qui seront résistantes aux changements climatiques. Contrairement aux semences standardisées sur des sols appauvris, la banque de graines anciennes et souvent locales permettra peut-être de repartir de zéro, en cultivant des variétés adaptées aux sols au lieu de modifier les sols par des engrais pour les adapter aux semences. 

Le Festival des Jardins 
En 2023, le thème Peinture et poésie laisse aux artistes toute latitude pour créer des paysages flamboyants souvent absents des jardins "naturels" du premier demi-cercle. Le déménagement vers le second demi-cercle permet une plus grande liberté, puisque les paysagistes ne sont plus liés aux structures permanentes, osier tressé, cabanes, cheminements... 
C'est la partie la plus spectaculaire.
 

 

La promenade comestible
Modèle d'agroécologie, elle propose des méthodes douces et respectueuses des sols et de la biodiversité pour le potager.

 

 

La promenade poétique
 Actuellement, la promenade et les expositions temporaires sont consacrées au peintre et sculpteur Jean-Michel Folon.

 

 


 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article