Grenouilles, crapauds, tritons, salamandres : la migration des amphibiens et les routes

Publié le par Marie-Claire RAVE

Sonneur à ventre jaune (Bombina bombina) avec ses yeux en forme de coeur


Grenouilles et crapauds migrent au printemps, depuis leurs quartiers d'hiver en forêt jusqu'aux mares où ils se reproduisent. C'est précisément la définition des amphibiens (amphi-, deux, ou des deux côtés et -bie, vie), qui ont une vie aquatique à l'état larvaire et une vie terrestre à l'état adulte. En mars, ce sont principalement les crapauds qui migrent en masse, les autres migrations se succèdent sur tout le printemps.

Crapaud accoucheur (Alytes obstetricans)

Comment passent-ils l'hiver ?
Grenouilles, rainettes, crapauds, et tritons se mettent à l'abri du froid en se terrant dans un trou en forêt ou en descendant au fond d'une mare. Au printemps, ceux qui ont passé l'hiver en forêt rejoignent les zones humides où ils sont nés pour s'y reproduire.
Un cas particulier : les salamandres ne savent pas nager, elles passent la saison froide sous terre dans diverses cavités et s'accouplent à l'air libre. Elles ne rejoignent des points d'eau que pour y déposer leurs larves.

Menaces sur les amphibiens
La pollution. Les populations d'amphibiens sont menacées en Europe, principalement par les pesticides. Pollution des eaux, des sols et de l'atmosphère les affectent directement car c'est par la peau qu'ils absorbent 30 % de leur oxygène, et par la peau qu'ils évacuent 100 % du dioxyde de carbone.
Le trafic routier. La migration des crapauds est la plus spectaculaire et la plus massive. Ceux-ci sont contraints de traverser plusieurs routes en parcourant des kilomètres, voyage qui peut durer deux à trois semaines. Il arrive que sur certaines routes se produise une véritable hécatombe, lorsque de nombreux crapauds traversent en même temps.
La destruction des zones humides. Pour gagner quelques mètres carrés de culture, ou par méconnaissance, on comble les mares et on draine les marécages. La reproduction devient impossible.

Grenouille verte, tentative d'accouplement

Le rôle écologique des amphibiens : en même temps prédateurs et proies
Prédateurs, car ils se nourrissent de larves de moustiques et divers parasites.
Un collectif de plus de 500 scientifiques vient de demander le 6 mars 2024 par une lettre ouverte au Président de la République de prendre des mesures pour contrôler l'importation des cuisses de grenouilles surgelées (4000 tonnes par an vers l'Union Européenne dont 3000 tonnes pour la France) qui menace certaines espèces. Or les grenouilles jouent un rôle crucial dans le fonctionnement des écosystèmes, car elles contrôlent les parasites, y compris ceux qui peuvent affecter la santé des populations humaines.
Proies, car ils nourrissent les hérons, les hérissons, les loutres, les putois.

Jeune crapaud commun (bufo bufo)

Vigilance et tolérance sur les routes
Une suggestion : en période de migration, partez dix minutes plus tôt et roulez au pas à l'approche des points de passage, que vous aurez vite fait de repérer. Certaines routes réputées pour les traversées massives de crapauds sont quelquefois temporairement fermées. D'autres sont équipées de crapauducs, des tunnels passant sous les routes, qui réussissent bien avec les crapauds mais beaucoup moins avec les salamandres et les tritons, pour des raisons mal connues.

Au jardin
Les amphibiens ont besoin de zones humides, de cachettes, tas de bois, haies, feuilles mortes. Une mare est idéale pour eux, même une mare temporaire qui s'assèche l'été, pourvu qu'elle soit en eau à la période de reproduction, au printemps de mars à juin.

Grenouille agile (Rana dalmatina)

Opérations collectives de sauvetage
Les associations de protection de la nature organisent des captures pour éviter les collisions avec les véhicules. Elles consistent à dérouler des filets le long des routes sur les axes migratoires, et de répartir côté fossé des seaux enterrés. Les crapauds, grenouilles et autres amphibiens suivent les filets à la recherche d'une ouverture et tombent dans les seaux. Il suffit alors de les cueillir et de les libérer de l'autre côté. 
Pour cela les associations ont besoin de bras !
 

Jeune sonneur à ventre jaune

Jeune sonneur à ventre jaune

Sources, informations complémentaires
Lettre au Président le la République Française, signée de 557 scientifiques pour la conservation des amphibiens

Publié dans Découvrir, agir

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