Les papillons et les belles étrangères

Publié le par Marie-Claire RAVE

Les graines sont de grandes voyageuses pourvu qu'on les y aide un peu car le vent et l'océan ne sont pas rapides. Les plantes sont aussi le terrain de jeu de l'horticulture qui ne cesse de les améliorer au sens esthétique.
Comment les papillons se débrouillent-ils dans les jardins remplis de plantes modifiées par l'homme alors qu'ils sont inféodés aux plantes locales ?
Voici quelques solutions éprouvées chez moi en Bourgogne.

Pas question de se passer des espèces horticoles ou exotiques. Il suffit de les associer aux plantes de votre région et de bannir tout pesticide (ce qui n'est pas facile en zone de culture). Les papillons ont besoin de deux types de plantes, celles qui les nourrissent à l'état adulte, et celles qui nourrissent la chenille.

Les plantes-hôtes, celles qui nourrissent la chenille
Ce sont des plantes locales, voici une petite sélection de plantes faciles pour les plus grands papillons :
- un pied d'aneth ou de fenouil pour les machaons
- un ou plusieurs petits massifs d'orties pour de nombreuses espèces, voir "Merveilleuse ortie"
- un églantier, une aubépine et un prunellier pour les gazés et les flambés (pour vous éviter la ronce),
- les violettes pour les tabacs d'Espagne,
- et les "mauvaises herbes" à laisser pousser par-ci par-là.
Encore d'autres idées par l'Observatoire agricole de la biodiversité.

Jonquille sauvage, installée spontanément au pied des arbustes.

Jonquille sauvage, installée spontanément au pied des arbustes.

Les plantes qui nourrissent le papillon adulte
Elles peuvent être horticoles ou exotiques, à condition de fournir du nectar ! D'où quelques astuces.
Les espèces doubles ont été travaillées pour transformer les étamines en pétales, elles n'ont pas de cœur ! Choisissez des fleurs simples.
Vous trouverez souvent des papillons sur les fleurs tubulées, comme la valériane (Cetranthus ruber), car avec leur longue trompe, ils peuvent chercher le nectar au fond du tube et sur ce coup-là ils n'ont pas de concurrents.
Enfin, pour tenir toute la saison, je conseille d'avoir dans son jardin des vivaces et arbustes précoces comme le mahonia, d'enchaîner avec des annuelles pour le plein été quand les vivaces se reposent, puis des vivaces d'automne comme les asters et les Sedum spectabile.

Cerisier d'ornement, au magnifique feuillage pourpre dans quelques semaines... piège !

Cerisier d'ornement, au magnifique feuillage pourpre dans quelques semaines... piège !

Les pièges à éviter
Avec l'expérience, vous constaterez que les chenilles font du mimétisme avec les espèces locales, vert sur vert par exemple, pour se protéger des prédateurs.
Si vous introduisez au jardin des variétés horticoles pourpres par exemple, la chenille appréciera la plante mais, vert sur pourpre, elle se verra comme le nez au milieu de la figure. Eviter ou limiter ces variétés.

Le buddléia, arbre à papillons et fleur de bitume

buddléia arbre à papillons invasive

Les papillons sont fous du buddléia, Buddleja davidii. Prudence avec cet arbuste, qui est considéré comme une espèce invasive en France. Il colonise les friches et les zones délaissées, les voies de chemin de fer, les chantiers, si le sol lui plaît, et ceci au détriment des espèces locales. J'en ai planté quelques-uns en sol argileux, ils ne semblent pas se propager. Les recherches horticoles sont axées depuis quelques années sur la création de variétés stériles, qui ne seraient reproductibles que par bouturage.
Pour en savoir plus, lire Le buddleia, ou l'arbre aux papillons, un faux ami.

Les plantes dangereuses
Certaines oenothères, originaires d'Amérique centrale, ont la réputation de constituer un piège pour certains papillons, notamment Oenothera speciosa pour le moro-sphinx. Ce petit papillon, appelé aussi papillon colibri pour son vol stationnaire, pourrait selon certains observateurs coincer sa trompe dans le conduit trop étroit qui mène au nectar. Il n'arrive pas à se libérer et s'épuise à se débattre jusqu'à la mort. Je n'ai trouvé aucune étude sérieuse sur le sujet, mais je remarque qu' Oenothera speciosa a été retirée de certains catalogues. Dans le doute...

Sources, informations complémentaires
Pour le buddleia, Jardins de France, la revue de la Société Nationale d'Horticulture de France (SNHF)
Pour les plantes hôtes, quelques exemples simples sur l'Observatoire agricole de la biodiversité, et un guide complet si vous le trouvez encore, Les papillons d'Europe chez Delachaux et Niestlé, voir une description ici.

Publié dans Papillons, Plantations

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