Canicule : réguler la température de la maison grâce aux plantations

Publié le par Marie-Claire RAVE

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Une réalisation du cabinet d'architectes Hideo Kumaki au Japon

La végétation permet si elle est bien choisie d'abaisser la température de la maison en été, et contrairement aux pergolas en aluminium, bioclimatiques ou non, d'accueillir toute une petite faune que l'on a privée de nourriture et de refuges en densifiant l'habitat.

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Le mur végétal
C'est un milieu totalement artificiel, sans terre, qui demande beaucoup d'entretien. Il est composé d'un support séparé du mur par une lame d'air et d'un feutre synthétique dans lequel circule une solution nutritive à travers un réseau de goutte-à-goutte. Sur cette structure sont installées des plantes vivaces ou annuelles, que l'on peut changer à volonté en fonction de la saison.
On voit souvent des réalisations exposées au nord, nord-est ou nord-ouest, où l'amplitude thermique sur 24 heures est la plus faible. Au sud, le choix de plantes est plus difficile, surtout si le mur végétal est destiné, comme souvent, à rester en place l'hiver.
Outre la protection contre les rayons du soleil, le fait que de l'eau circule en permanence dans le support abaisse notablement la température du mur car l'évaporation est forte consommatrice de calories.
Cette solution est adaptée à un environnement urbain puisqu'elle résout le manque de place et que l'effet est spectaculaire. En revanche les contraintes sont fortes : l'étanchéité du mur doit être parfaite afin d'éviter les infiltrations, il faut disposer d'un local avec un point d'eau, une évacuation et une alimentation électrique pour faire fonctionner la pompe. Le mur doit être porteur et supporter environ 300 kg/m².
Les plantes adaptées :
- les iris nains,
- les joubarbes,
- les crassulas,
- l'anthemis,
- l'arméria maritima,
- le ciste,
- le myrte,
- le lantana,
- les echeverias,
- le gazania,
- le pérovskia,
et plus généralement les plantes de rocaille et celles aimant le soleil et les sols drainés.
L'intérêt pour la faune
A peu près nul sauf si l'on y insère des plantes mellifères qui attirent les insectes pollinisateurs donc quelques oiseaux acrobates insectivores, et quelques papillons.

ampelopsis

Les grimpantes de plein soleil
Le champion toutes catégories est l'ampélopsis, et ses cousins (Ampelopsis et Parthenocissus). En observant dans votre région celles qui prospèrent le mieux, vous pourrez faire le bon choix. Elle est extrêmement vigoureuse, capable de soulever un dallage. Elle préfère la mi-ombre mais supporte le plein soleil, où elle prend de belles couleurs en automne. On peut la laisser envahir les volets au moment le plus chaud, mais de toute façon elle exige une taille au moins chaque année.
Elle s'attache toute seule aux murs grâce à ses racines aériennes terminées par une ventouse.
Quelques grimpantes plus sages, qu'il faudra palisser :
- une glycine à petit développement, rustique,
- le jasmin Etoile de Virginie, semi-rustique,
- le plumbago du Cap, en climat doux,
- le dipladenia, en climat doux.
L'intérêt pour la faune
Les grimpantes à fleurs attirent de nombreux insectes et leurs prédateurs, celles qui sont bien charpentées permettent aux oiseaux de nicher, celles qui ont des écorces rugueuses abritent une foule de petits acariens, celles qui gardent des feuilles sèches en hiver sont un refuge pour les petits passereaux.

Un rideau de plantes annuelles
La position du soleil est la même le 21 avril (deux mois avant le solstice d'été le 21 juin) et le 21 août (deux mois après le solstice d'été), et pourtant le besoin d'ombrage est bien différent. Quel type de plante répond à cette contrainte ? Les annuelles ! Elles démarrent seulement en avril et atteignent leur pleine vigueur en août. Elles disparaissent en hiver et laissent le soleil inonder les murs.
Contrairement au mur végétal ou aux grimpantes, ce rideau végétal ménage un espace de vie entre le bâtiment et les plantes volubiles : terrasse, circulation, coin lecture… Non seulement le soleil ne touchera pas le mur de l'habitation, mais la réverbération du dallage vers le mur sera considérablement limitée.
Tous les supports classiques sont possibles, tels les treillages et claustras. Pour un aspect plus contemporain et une utilisation éphémère, des fils tendus du sol au toit suffisent. Presque rien à ranger l'hiver !
Si l'on dispose d'une bande de terre
Les plantes sont cultivées en pleine terre, leurs racines peuvent s'étaler et chercher l'eau plus loin, ce qui limite l'arrosage.
En l'absence de terre, des potées
Sur une terrasse ou tout espace dallé, le manque de terre végétale impose de cultiver les grimpantes en pots, en bacs ou en jardinières. Dans ce cas, l'arrosage doit être régulier, même pendant vos absences, vous devrez donc prévoir un système d'arrosage différé.
Stalactites ou stalagmites ?
Avec les potées et jardinières, tout est permis. On peut laisser retomber les plantes depuis l'étage ou les faire grimper depuis le sol. Vous trouverez sur le net des réalisations grandioses que vous pourrez transposer à l'échelle d'une maison ou d'un appartement.
Vertical ou incliné ?
En l'absence de débord de toit, il est possible d'abriter un passage ou une terrasse en inclinant le rideau végétal entre le toit et le sol. Cependant un accrochage en rez-de-chaussée ne permet pas toujours une hauteur confortable pour circuler dessous ; l'accrochage à l'étage est quelquefois la solution.
Les plantes adaptées
- les ipomées,
- la Suzanne aux yeux noirs,
- les pois de senteur,
- les capucines,
- les coloquintes ou les cucurbitacées comestibles.
Lorsque l'on a la chance d'avoir une serre froide ou de vivre en climat doux, rien n'empêche d'y ajouter des vivaces volubiles. Elles créeront de l'ombrage beaucoup plus tôt dans la saison :
- la clématite du Père Armand,
- le jasmin Etoile de Virginie,
- le houblon grimpant.
ou, en climat plus continental, des grimpantes rustiques : rosiers et clématites par exemple.
L'intérêt pour la faune
Les annuelles attirent les insectes et donc les oiseaux insectivores. Celles qui produisent des graines attirent les oiseaux granivores.

Photo : The Green Curtain Project, par le cabinet d’architectes Hideo Kumaki, houblon grimpant sur un filet. Pour voir l’évolution depuis la création et au fil des saisons, son site (en japonais mais les dates sont en anglais).

Une toiture végétalisée
La forme de la maison doit être adaptée, et si la végétalisation de la maison n'est pas possible, elle peut garder au frais un garage ou une dépendance au toit plat. Une étanchéité parfaite requiert souvent l'intervention d'un professionnel.
Pour végétaliser le toit ainsi préparé, on peut opter pour deux techniques :
- la culture extensive, qui consiste à utiliser très peu de terre et des variétés de plantes qui coloniseront peu à peu le toit, et qui se limiteront à des plantes rases peu spectaculaires mais très résistantes,
- la culture intensive, consistant à offrir aux plantes un substrat de 30 cm d'épaisseur, ce qui autorise presque toutes les plantes sauf les arbres.
Un intermédiaire passe-partout, la culture semi-intensive, permet un grand choix de plantes sur un substrat de 10-15 cm d'épaisseur.
Les plantes adaptées :
- les sedums, qui poussent habituellement directement sur les rochers et dissolvent la pierre pour se nourrir des sels minéraux, sedum blanc, sedum gracile, sedum spurium, sedum spectabile...
- les mousses, qui sèchent et se requinquent selon les saisons,
- les joubarbes,
- les plantes de rocaille qui se miniaturiseront naturellement.
L'intérêt pour la faune
Les petites plantes rases abritent des insectes, les oiseaux qui se nourrissent au sol, comme les rouges-gorges, adorent.

Les jardins en terrasse
C'est une solution coûteuse, à concevoir le  plus souvent dès la construction. Néanmoins, avec des dimensions raisonnables, elle permet d'avoir un jardin dans un habitat dense où un vrai jardin est impossible. Aucun restaurant en terrasse aujourd'hui n'attire de clientèle sans végétation.
L'inertie thermique est intéressante pour réguler la température aussi bien en été qu'en hiver.

Au 8e étage, la terrasse du Printemps Haussmann à ParisAu 8e étage, la terrasse du Printemps Haussmann à ParisAu 8e étage, la terrasse du Printemps Haussmann à Paris

Au 8e étage, la terrasse du Printemps Haussmann à Paris

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Sur le long terme : de grands arbres bien choisis
L'arbre idéal est celui qui laisse passer le soleil en hiver et fait de l'ombre en été, donc un arbre à feuilles caduques, assez haut, avec peu de branchages bas.
Un petit travail de trigonométrie, ou un bon géomètre, permet de choisir la bonne hauteur et la bonne distance de la maison. 
Les arbres adaptés :
- un arbre "pousse-vite" et léger : le bouleau,
- toute la famille des érables, au feuillage dense l'été, 
- plantés en groupe, le peuplier, arbre très haut pour le plein sud, en région humide, ou le cyprès de Provence en région méditerranéenne,
- le tilleul,
- le pin parasol en région méditerranéenne,
- le cerisier tout vent...
Ou plus traditionnellement, tout près de la maison, un arbre caduc plus bas au feuillage dense comme le catalpa, le mûrier, le platane maintenu dense par une taille régulière.
L'intérêt pour la faune
Chaque espèce d'arbre a une faune inféodée, ce qui entraîne toute une chaîne alimentaire, comme le chêne, le sureau, le bouleau…, voir Arbres.

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