Inviter le troglodyte mignon

Publié le par Marie-Claire RAVE


Le troglodyte mignon (Troglodytes troglodytes) est le plus petit oiseau d'Europe après le roitelet, il pèse une dizaine de grammes, et pourtant son chant est étonnamment puissant. Silhouette rondelette piquée d'une petite queue verticale, forte tête et long bec fin, il est impossible à confondre. Il est difficile à voir car son plumage est un excellent camouflage, une fine marqueterie de divers tons de brun, et ses déplacements sont rapides et furtifs.

Le repérer par son chant
Le mâle est territorial, il ne tolère aucun autre mâle sur son territoire et le chasse violemment. Son chant contribue à la défense de son pré carré. C'est une strophe contenant une mélodie et des trilles, répétée plusieurs fois. Le même chant un peu plus lent est destiné à attirer les femelles. On peut repérer aussi par ses cris d'excitation secs "tiek-tiek-tiek" ou roulés "trrrrrrrr".
Les femelles tolèrent d'autres nids dans les parages mais défendent leur zone d'alimentation en hiver.

Polygamie et chambre à part
Pourquoi s'amuse-t-il à construire des nids bien souvent inoccupés ? C'est que pour séduire la femelle, il bâtit chaque année une demi-douzaine de nids, voire une douzaine, pour qu'elle puisse choisir celui qui lui convient le mieux. Après avoir fait son choix, elle se chargera d'aménager l'intérieur en le tapissant de plumes.
Il utilisera un second nid occasionnellement pour s'y réfugier seul. Les autres resteront disponibles dans l'attente d'une nouvelle femelle pour une seconde couvée dans la saison. Ce comportement ne l'empêche pas de participer au nourrissage des oisillons au nid et de s'en occuper quelques semaines après leur envol.

En danger par grand froid
Ses proies préférées, araignées par exemple, restent actives pendant l'hiver, c'est pourquoi il est sédentaire. Mais il est frileux et la mortalité par grand froid peut être forte. Pour résister, il devient si nécessaire migrateur partiel. Les populations d'Europe du Nord descendent en France, Belgique, Suisse et  jusqu'aux régions méditerranéennes, et les populations des montagnes descendent en plaine. La neige est son pire ennemi car elle rend inaccessibles ses petites proies inféodées au sol.
La recherche de nourriture est son occupation principale en hiver, en suivant un itinéraire immuable. En repérant son circuit habituel, on peut placer sur son chemin une mangeoire-plateau de petites graines ou de nourriture grasse.

Précieux au jardin
Insectivore, il consomme une grande quantité d'araignées et opilions (les faucheux), d'insectes et leurs larves (pucerons, chenilles, papillons, mouches, perce-oreilles), de cloportes, de mille-pattes. Il est utile pour réguler les populations de pucerons qui se nourrissent au verger et au potager. Il complète son alimentation avec de petites graines, surtout faute d'insectes en hiver. A la belle saison, il picore quelques baies (fruits rouges du jardin, mûres, sureau).

Un oiseau forestier
Cet oiseau apprécie les lisières de forêt et notamment la strate arbustive, les broussailles, où il se faufile avec une grande habileté. Il vit principalement au sol pour y trouver sa nourriture. Il est néanmoins capable de grimper verticalement sur les troncs d'arbres comme la sittelle torchepot ou les grimpereaux, mais ne sait pas redescendre à pied la tête en bas. C'est surtout le mâle qui visite les arbres à la recherche de chenilles, tandis que la femelle préfère rester près du sol. Il est équipé aussi pour vivre dans les rochers, d'un long bec fin permettant de se nourrir dans les fissures, de pattes et de griffes puissantes pour se déplacer verticalement et nicher dans les anfractuosités.

Juvénile

Imiter son habitat naturel pour l'inviter
Il fréquente tous les habitats qui ressemblent à son biotope préféré, les broussailles et arbustes qui maintiennent l'humidité du sol favorable à ses proies : prévoir des haies aux branches très basses, des tas de bois, un compost. 
Je remarque qu'il inspecte les tas de branches fines après la taille des arbustes et des haies, à condition qu'elles ne soient pas isolées au milieu d'un espace découvert.
Il aime à nicher sur les murs qui rappellent les rochers fissurés, dans les plantes grimpantes, et les endroits les plus saugrenus de l'habitat humain, dans les hangars au milieu des outils de jardin. On peut laisser une ouverture dans les bâtiments, à condition de ne pas risquer de la fermer accidentellement, il y resterait prisonnier. Il trouvera là un abri contre le froid, des insectes, des acariens qui apprécient les mêmes conditions de vie, des opportunités pour construire des nids. Bien que territorial, il accepte de se regrouper en hiver dans divers abris, qui ne sont pas forcément des nichoirs. On peut en installer dans les haies ou près des bâtiments.
Tout ce qui est fissuré, comme les écorces qui se détachent des arbres ou des souches, lui est utile car fréquenté par des insectes et inaccessibles aux autres oiseaux. Tout ce qui est en cours de décomposition aussi, comme des branches mortes au sol, car fréquenté par les petits animaux détritivores. Une bonne vieille souche réunit toutes ces qualités. 
Avec un peu de place, on peut lui offrir un sureau, surtout en lisière d'un bosquet, et des ronces. Dans un plus petit jardin, on peut partager avec lui des framboisiers, qui apprécient comme lui la mi-ombre et un épais paillage de BRF recréant un sol forestier plein d'insectes.

Publié dans Oiseaux

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