Inviter la rainette arboricole
Elle se fait très discrète visuellement, verte se camouflant dans la végétation verte, mais elle sait se faire entendre ! Son chant très puissant porte à plusieurs kilomètres. Si vous entendez un "coin-coin-coin" ou "kouek-kouek-kouek" au printemps, ou bien l'été en mettant en route votre arrosage, vous avez une rainette verte, ou rainette arboricole (Hyla arborea) chez vous.
Les deux cousines
Chez moi en Bourgogne, la rainette arboricole (à gauche) est assez commune. Ici sur une feuille d'iris au bord de la mare : la bande marron qui souligne l'œil se prolonge sur le corps. Au Domaine du Rayol dans le Var, on peut observer la rainette méridionale (à droite) dans la zone humide sur les feuilles géantes d'alocasia : la bande noire ne va pas au-delà de l'épaule.
Il existe quelques exceptions, certaines rainettes arboricoles ne portent pratiquement pas de bande marron. Il ne reste alors pour les distinguer que leur chant. Alors que le coin-coin de la rainette arboricole est sonore et rapide, la rainette méridionale émet un coassement long et sourd.
Le plus frappant est leurs points communs : leur peau lisse de couleur vert pomme, leur taille de 3 à 5 cm, leurs ventouses au bout des doigts qui leur permettent de se déplacer assez haut sur des surfaces verticales, un ventre blanc et granuleux.
Les menaces
Revenons à la rainette arboricole.
Si elle se porte plutôt bien en Bourgogne, c'est que nous avons encore un réseau de mares assez dense, bien qu'en diminution, et un bocage assez bien préservé. Dans les régions où les mares et les divers points d'eau disparaissent, la rainette est en danger. A cela s'ajoutent la destruction des milieux de reproduction ainsi que la fragmentation des habitats par le réseau routier et la disparition des haies, ce qui isole les populations.
Une autre menace provient de "la dégradation de la qualité des milieux par la fréquentation du bétail, des canards, du ragondin et des poissons" (fiche Bourgogne Franche-Comté Nature).
Comment créer un environnement favorable au jardin
Pour préserver la rainette, il faut tendre à reproduire chez vous son habitat naturel.
Elle est arboricole et fréquente les eaux stagnantes riches en végétation aquatique. On la trouve principalement dans les étangs et les mares ensoleillées, un peu moins dans les canaux et les prairies humides ou inondées. Elle apprécie une végétation haute autour de ces points d'eau, puisqu'elle peut grimper dans les arbres jusqu'à plusieurs mètres de hauteur, mais elle peut aussi se contenter d'une végétation plus basse.
Pour sa reproduction, elle utilise aussi les queues d'étang riches en végétation, les fossés, les bras morts, les gravières, les sablières et les carrières abandonnées.
Dans l'idéal, vous pouvez creuser une mare entourée de végétation et bien reliée à une haie. Si c'est impossible, ou s'il y en a déjà une dans les environs, une zone humide peut suffire.
Attention : ne pas introduire de poissons ni de canards dans la mare, c'en serait fini des rainettes ! Pour les autres prédateurs : les larves d'insectes qui mangent les têtards et les couleuvres qui mangent les adultes, les rainettes entreront dans la chaîne alimentaire…
Quant à leur nourriture, elle est constituée d'insectes et de leurs larves, et d'araignées. Vous les inviterez donc au jardin s'il est riche en insectes et araignées diverses.
Un peu de tolérance musicale
De mars à mai, c'est la période de reproduction, pendant laquelle le chant des mâles est un festival assourdissant. Les mâles chanteurs forment des chœurs de dizaines ou de centaines d'individus. Pour émettre leurs coassements très puissants, ils gonflent un sac vocal impressionnant.
La rainette verte étant une espèce crépusculaire et nocturne, elle peut gêner les barbecues du soir. Vous avez sans doute entendu parler d'affaires de voisinage autour des chants de grenouilles. Un couple de Grignols en Dordogne, notamment, a été condamné à combler son plan d'eau trop bruyant. N'y a-t-il pas d'autres solutions que la destruction des populations ?
La ponte a lieu dans les mares où l'on observe des paquets d'œufs accrochés à la végétation. Puis, pendant toute la période de mars à septembre, on peut voir les têtards se développer : vert pâle, transparents, avec une très haute nageoire et des yeux latéraux, ils sont impossibles à confondre.
Enfin les chants peuvent recommencer plus faiblement en septembre et début octobre alors qu'on dîne encore dehors le soir.
Bruyante mais protégée !
La rainette arboricole est protégée par la loi française.
Elle est déclarée d'intérêt communautaire à l'échelle européenne, par son inscription à l'annexe IV de la Directive Habitats-Faune-Flore.
Sources, informations complémentaires
La fiche Rainette verte - Hyla arborea, Daniel Sirugue et Nicolas Varanguin in Atlas des Amphibiens de Bourgogne, Bourgogne-Nature, Hors-série 11, 205-218
Quelques articles dans ce blog : Installer une mare en terrain marécageux, Les avatars de la mare
L'affaire des grenouilles de Grignols sur France Bleu ou dans le journal Sud-Ouest
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