Des nouvelles du ravageur Obama nungara

Publié le par Marie-Claire RAVE

Obama Nungara forme claire, photo Pierre Gros


Elles ne sont pas réjouissantes.
On connaît le plathelminthe baptisé Obama nungara, ce ver plat venu d'Argentine, depuis 2019. On savait qu'il était indéboulonnable car il se reproduit à une vitesse folle et qu'il n'a pas de prédateur en Europe.

Quels vers de terre ?
Jusqu'ici, du fait qu'on le rencontrait en surface, on pensait qu'il se nourrissait des vers des couches superficielles du sol. Une étude réalisée en 2022 par le Muséum national d'histoire naturelle a révélé qu'il consomme les trois types de vers de terre habitant notre sol : les épigés qui vivent en surface, les endogés qui creusent des galeries horizontales en profondeur, et les anéciques, qui creusent des galeries verticales jusqu'à un mètre de profondeur et font des allers-retours jusqu'en surface. On ne comprend d'ailleurs pas vraiment comment il capture les lombrics au plus profond du sol.

Une menace pour la vie des sols
Ces trois catégories de vers de terre ont des rôles écologiques différents. Aussi les dégâts potentiels sur la faune du sol, et toute la vie du sol, sont beaucoup plus importants qu'on ne l'imaginait jusqu'ici. Sa consommation n'a pas encore été quantifiée, mais quand on constate les quantités collectées au mètre carré par les jardiniers, on se doute que le nombre de ses proies est considérable.
Or ce sont les vers de terre qui aèrent les sols, qui font circuler les matières organiques, et le fertilisent. Les conséquences sont difficiles à estimer. On sait que les plathelminthes sont pour l'instant cantonnés dans les jardins. Ils n'ont pas été signalés en forêt. Il ne peut pas coloniser les terres agricoles car elles sont imprégnées de pesticides et les lombrics ont disparu.

La méthode de travail des chercheurs
Il est impossible de disséquer le tube digestif du plathelminthe car ses tissus sont une bouillie de tissus mélangés, sans cavité. Pour chasser il se déploie sur sa proie, la comprime et fait sortir une partie de son système digestif pour absorber le ver de terre. La solution mise au point par l'équipe de chercheurs consiste à prélever un petit morceau de plathelminthe et à en faire une analyse moléculaire pour rechercher la signature génétique des vers de terre.

Le rôle primordial de la science participative
Les auteurs de l'article publié soulignent l'importance de la collecte des données par les citoyens qui ont envoyé leurs plathelminthes au professeur Jean-Lou Justine. Il aurait été inenvisageable que les chercheurs parcourent des centaines de jardins sur toute la France, à quatre pattes, de nuit avec une lampe de poche, pour rapporter des milliers d'individus à analyser. L'enquête participative a donné de très bons résultats et a permis cette étude de grande ampleur.

Sources, informations complémentaires
Gut content metabarcoding and citizen science reveal the earthworm prey of the exotic terrestrial flatworm, Obama nungara, Virginie Roy, Mathis Ventura, Yoan Fourcade, Jean-Lou Justine, Agnès Gigon, Lise Dupont
https://doi.org/10.1016/j.ejsobi.2022.103449

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