Inviter le lézard vert
Non, le lézard vert ne mord pas. Sauf si vous avez l'idée saugrenue de le manipuler, le lézard vert occidental (Lacerta bilineata) n'attaque jamais. Bien au contraire, il est placide, vous observe tranquillement au jardin, et travaille pour vous.
Un réveil au printemps
En hiver, il hiverne dans son terrier ou un terrier qu'il emprunte à un rongeur, pour se réveiller aux premiers rayons chauds, en mars-avril. Il lui faut une température minimale de 15° C. Ce sont d'abord les mâles qui sortent, puis les femelles une ou deux semaines plus tard.
Quand arrive la période de reproduction, en mai juin, le mâle prend une livrée nuptiale d'un vert presque fluorescent avec une coloration bleu turquoise vif sur la gorge et les joues. Ce bleu est d'autant plus intense que c'est un mâle dominant.
Le lézard est ovipare. Une ou deux pontes par an ont lieu entre mai et début juillet. Cinq à vingt oeufs blancs de 1,5 cm, ressemblant aux petits oeufs de Pâques que l'on achète en pâtisserie, sont déposés dans un terrier creusé par la femelle, ou une autre cachette. L'incubation dure deux mois et demi à trois mois, les premières éclosions débutent en août.
Une mâchoire impressionnante mais inoffensive
Si le lézard vert ne mord pas, il se sert de ses mâchoires pour vous impressionner et vous menacer, mais c'est du bluff. La légende du lézard qui mord et ne lâche jamais vient sans doute du fait que, dès qu'il perd le contact avec le sol, il s'accroche à la main ou au bâton qui l'a agressé.
Le mâle se sert également de ses mâchoires lors de l'accouplement, en pinçant le corps de la femelle pour l'immobiliser. Cet accouplement particulièrement agité est facile à observer car l'animal abandonne toute vigilance.
L'assistant jardinier idéal
Le lézard vert se nourrit de chenilles, d'insectes, notamment les coléoptères et les pucerons, d'araignées, de vers, de mollusques comme les limaces, il travaille donc activement au potager.
Plus rarement il mange des oeufs d'oiseaux, ainsi que des souris et des petits lézards. Il consomme aussi la pulpe des fruits bien mûrs tombés au sol. Il boit quotidiennement en léchant des gouttes de rosée.
Au jardin d'ornement et au potager, il apprécie le paillage qui abrite de nombreux insectes.
Pour l'accueillir en contrepartie de ses services
Il aime les zones ensoleillées, bien dégagées, mais proches de haies, de broussailles ou d'un fouillis végétal où il puisse se réfugier. Il choisit aussi des talus ou des bords de chemins ensoleillés. Il apprécie les murs de pierres sèches plein sud qui accumulent la chaleur pour les bains de soleil, tout en servant de cachette. Dans un jardin sans vieux murs, on peut l'attirer par un tas de bois ou une pile de tuiles. A l'ombre, le compost lui offre en même temps chaleur et nourriture.
On ne le rencontre pratiquement pas dans les grandes plaines cultivées, où les villages et les jardins sont indispensables pour enrayer la raréfaction de l'espèce. Ses prédateurs naturels sont les rapaces, la martre des pins, la fouine, le renard et les couleuvres (coronelle lisse et verte et jaune), la vipère aspic ; au jardin ses pires ennemis sont les chats et les tondeuses. A défaut de broussailles, une bande d'herbes hautes peut l'aider à leur échapper.
Attention, les récipients vides ou plein d'eau constituent un piège mortel pour eux, pensez bien à placer un bâton ou tout autre moyen de grimper dans vos seaux, arrosoirs et réserves d'eau.
La mue
Comme les autres squamates, les lézards ne renouvellent pas leur peau en continu. Lorsqu'elle devient trop exigüe, une nouvelle peau se forme tandis que l'ancienne, l'exuvie, se détache du corps. Ces lambeaux d'exuvie ont l'aspect du tulle.