Inviter le bouvreuil pivoine

Publié le par Marie-Claire RAVE

Inviter le bouvreuil pivoine

Enfin ! Un bouvreuil a visité le jardin ! Nous en voyions un, il y a des années, avant de couper le conifère qu'il fréquentait, et qui menaçait de tomber sur la maison. Depuis, rien…
Effectivement, la population des bouvreuils diminue. L'espèce est classée "Vulnérable" dans  la liste rouge des espèces de France métropolitaine : elle a diminué, selon le programme de suivi du Muséum national d'histoire naturelle, de 68 % depuis 1989 et de 45 % depuis 2011, et la situation s'aggrave encore aujourd'hui.

Les causes de son déclin
La première cause est la détérioration de son habitat : arrachage des haies et des bosquets dans les milieux agricoles, disparition du bocage, débroussaillage des sous-bois. L'intensification de l'agriculture entraîne donc une raréfaction de son habitat, et de facto une fragmentation des habitats qui lui sont restés favorables.
En outre, le bouvreuil, grand consommateur de bourgeons d'arbres fruitiers, est très sensible aux traitements phytosanitaires sur les vergers… quand il n'est pas piégé et détruit par les producteurs.
Le bouvreuil est également victime de la circulation routière, du fait de l'augmentation du nombre de routes et de la densité du trafic.
Enfin, il est très sensible au réchauffement climatique.

Le paysage idéal pour le bouvreuil
Il apprécie une structure paysagère semi-ouverte et agricole. Une lisière de milieu boisé, avec un couvert protecteur dense, ou des haies épaisses, lui apporte une protection et une ressource alimentaire variée. Sa population est liée à la quantité des haies autour des bois.
Des études montrent que le milieu optimal pour lui est une mosaïque d'habitats possédant d'importantes ressources alimentaires différentes et disponibles à chaque saison.

Le bouvreuil et le changement climatique
Le bouvreuil résiste très bien au grand froid, et la neige ne le dérange pas pour se nourrir, puisqu'il consomme essentiellement des graines et des bourgeons sur les arbres et les buissons. S'il descend hiverner en plaine, c'est davantage pour trouver d'autres plantes nourricières après avoir épuisé les ressources sur place, que pour fuir le grand froid.
A l'inverse, il craint les températures élevées. Il fait partie des quinze espèces de France qui redoutent le plus les fortes chaleurs, c'est pourquoi il est utilisé comme indicateur des espèces sensibles au réchauffement climatique.
Le bouvreuil souffre donc à la fois de la dégradation de son habitat et du changement climatique. Dans ces conditions, son déclin rapide ne ralentira pas dans un contexte de persistance du réchauffement global.

Dans quelles régions de France peut-on le voir ?
Il est présent sur toute la France métropolitaine, sauf en Corse. Il est sédentaire et se déplace peu, on peut donc le voir toute l'année. En montagne, il se déplace des hauteurs aux régions basses de façon irrégulière en fonction de la ressource alimentaire. L'hiver, il fuit les régions trop douces (Languedoc-Roussillon, vallée de la Garonne).
En outre, nous recevons les bouvreuils de l'Europe du Nord qui migrent vers le Sud-Ouest. 
La densité de sa population est très variable d'une année sur l'autre, car elle est fortement influencée par les conditions météorologiques et donc les variations de la végétation.

Comment favoriser ses visites au jardin ?
La première condition est la reconstitution de ses conditions de vie, dans la mesure des possibilités du jardin. A la mesure du territoire, seule une volonté politique pourrait reconstituer un véritable habitat favorable : interdiction des pesticides, mise en place massives de trames bleues et vertes, gestion durable des forêts...
Bois et sous-bois, buissons
Le bouvreuil est originellement un oiseau forestier, appréciant les sous-bois denses. Sa préférence va aux conifères avec une strate arbustive fournie et aux forêts de montagne. Il aime également les peuplements mixtes de feuillus et de résineux, entrecoupés de clairières, et aussi les plantations de résineux.
A partir des forêts, il a investi les plaines où il peut trouver des haies épaisses, même en l'absence d'arbres, ou les bosquets denses des zones cultivées, ou les marais boisés, les jardins, les vergers et les cimetières. Ici il a trouvé les mûres qui ont envahi un vieux cognassier du Japon, desséchées en fin d'hiver.
Grands arbres
Il n'est pas très à l'aise au sol, où il sautille lourdement. Il est essentiellement arboricole, et on le voit presque toujours perché dans les arbres, en particulier au bout des branches fines qui portent les graines. Il est spécialiste des acrobaties dans sa recherche de nourriture, il arrive même à se suspendre à l'envers pour atteindre les graines.
Ses espèces préférées pour leurs graines : l'érable, le frêne, le hêtre, le bouleau, l'aulne...
Il en descend rarement, pour boire ou picorer au sol.

Herbes folles à graines précoces
Le bouvreuil pivoine est un nicheur tardif. Il attend la fructification des premières herbes, comme le pissenlit et le plantain, dont il est dépendant pour nourrir ses jeunes. Il est donc impératif de laisser des herbes folles sur votre terrain, soit dans une bande sauvage, soit en tolérant des plantes indigènes basses dans la pelouse. Encore mieux, la pelouse peut retourner à son état de pré, en privilégiant une fauche tardive. 
Arbres fruitiers
Au printemps, le bouvreuil affectionne les bourgeons, notamment ceux des arbres fruitiers. Etant donné la faible densité de sa population, il est possible de planter des arbres fruitiers sans craindre leur destruction. Au pire, en multipliant les plantations, on diversifiera les bourgeons et on limitera leur consommation dans le verger.

Graines à la mangeoire
L'hiver, les bouvreuils fréquentent les mangeoires s'ils peuvent y trouver des graines, par exemple de tournesol. On peut également cultiver du tournesol qu'il consommera sur pied.
 

Et quelques jours plus tard, Madame soigne son entrée dans la lumière du matin.

Et quelques jours plus tard, Madame soigne son entrée dans la lumière du matin.

Sources, informations complémentaires
Une fiche de synthèse des études sur le bouvreuil par le Centre de ressources Trame verte et bleue, assortie d'une riche bibliographie
La Liste rouge des oiseaux de France métropolitaine
Voir également mes articles "Une haie pour les oiseaux" et "Mauvaise herbe ?"

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Publié dans Oiseaux, Aménagements

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L
J'ai vu le premier bouvreuil au jardin en mars de cette année, son plumage était beaucoup plus terne. C'est un oiseau difficile à repérer au milieu de la végétation. Il semblait attiré par les graines de mélisse citronnelle dont je n'avais pas coupé les tiges. Je le guette régulièrement mais pas de bouvreuil en ces jours de pluie ni aux mangeoires, ni dans les arbustes.
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M
Peut-être une femelle ? Chez elle le rose vif est remplacé par un gris rosé. A suivre...