L'yponomeute du fusain

Publié le par Marie-Claire RAVE

L'yponomeute du fusain

Ce matin 21 mai, j'ai surpris mes chenilles d'yponomeute en train de s'éclipser discrètement de mes fusains.
Le chapelet un peu anarchique de chenilles glissait sur un fil vertical, pour disparaître dans l'herbe.
Tous les printemps les haies de la région sont couvertes de toiles qui contiennent des chenilles jaune paille à points noirs bien alignés. Les fusains d'Europe, Euonymus europaeus, ou "bonnets d'évêque" à cause de leurs petits fruits roses en quartiers, sont complètement défoliés à la fin du printemps, puis le tout, toiles et chenilles, disparaît pendant l'été et le fusain s'en remet doucement. Il fait comme si de rien n'était une nouvelle feuillaison, puis floraison puis fructification.

Les toiles, les chenilles et les petits fruits en formationLes toiles, les chenilles et les petits fruits en formationLes toiles, les chenilles et les petits fruits en formation

Les toiles, les chenilles et les petits fruits en formation

Il existe trois yponomeutes qui se nourrissent du fusain :
- le grand yponomeute du fusain (Yponomeuta cagnagella), le plus commun,
- le petit yponomeute du fusain ou yponomeute plombée (Yponomuta plumbella),
- Yponomeuta irrorella.
Chez moi, c'est le grand yponomeute du fusain, Yponomeuta cagnagella, qui fait des ravages, en dévorant et en entoilant complètement le feuillage. Plusieurs arbres ont leur yponomeute spécifique : le pommier, le poirier, le cerisier, l'alisier, le saule, le peuplier, l'aubépine... C'est pour les arbres fruitiers que l'on craint les chenilles fileuses. Or, si l'entoilement des arbustes est spectaculaire, les arbres touchés ne subissent généralement qu'une inhibition momentanée de croissance (fin avril/mai). C'est le cas du fusain, qui est capable de faire une deuxième foliaison sans dommage. Mais étant donné qu'on le plante généralement pour ses qualités décoratives, les dommages esthétiques sont un peu gênants. 

La descente le long du fil de soie et les fruits mûrsLa descente le long du fil de soie et les fruits mûrsLa descente le long du fil de soie et les fruits mûrs

La descente le long du fil de soie et les fruits mûrs

Que faire ?
Sur le fusain, rien !
L'arbuste s'en remet très bien. L'yponomeute serait même utile à la fructification. Quant au risque pour l'homme, aucun, la chenille n'est pas urticante. Une biodiversité très riche au jardin limite les invasions massives car plusieurs guêpes et mouches parasitent et détruisent les chenilles.

Si c'est vraiment trop gênant
Dans les haies à l'écart de  la maison, la meilleure solution est de laisser faire.
Près de la maison, les masses de chenilles peuvent être repoussantes pour les visiteurs. Je coupe donc les rameaux touchés. Il suffit de trois ou quatre passages dans le printemps, chaque fois d'un quart d'heure par arbuste, s'il n'est pas trop haut ni enserré dans la végétation alentour.
Auparavant, je brûlais les rameaux avec les nids. Désormais, je les disperse sur les pelouses, et le lendemain les chardonnerets ont tout mangé. J'insiste : je les disperse façon puzzle, en marchant assez vite, de façon à ce qu'elles ne soient pas reliées entre elles par les fils de soie qu'elles fabriquent. Si vous les laissez reliées entre elles, elles forment de nouveaux nids pendant la nuit ! Ou bien je les jette dans les fusains des haies.
Ces recettes conviennent aux fusains mais pas aux fruitiers attaqués par les autres yponomeutes, car il n’est pas question de couper le bout des rameaux. On doit donc enlever les chenilles à la main. La phytothérapie préconise en répulsif le purin de tanaisie et d’absinthe ou d’armoise (2,5 kg de feuilles pour 10 litres d’eau à laisser macérer plusieurs jours, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de bulles quand on remue le purin). On peut aussi, en mai, placer des pièges à phéromones pour bloquer la reproduction.
Le bacille de Thuringe est déconseillé, car il n'est pas sélectif et tue les autres papillons.

Organiser la plantation pour anticiper l'entretien
. Première option : laisser faire les chenilles et laisser le fusain refaire sa foliaison.
Toutes les formes de plantations sont possibles, en haie, en arbre isolé qu'on laisse pousser en hauteur, en bosquet serré... pas besoin d'accéder à toutes les branches.
. Deuxième option : éliminer les chenilles pour conserver le premier feuillage
Pour couper les extrémités attaquées, il faut pouvoir atteindre tous les rameaux. On évitera les échelles en maintenant l'arbuste à 2,5 m au maximum. On évite les plantations serrées, en haies ou en bosquets. Au contraire, on prévoit des passages pour faire le tour des arbustes et éliminer les chenilles au cours d'un jardinage-promenade, armé d'un sécateur ou un échenilloir et un seau.

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A retrouver dans le livre Merveilleuse faune du jardin

Publié dans Papillons, Plantations

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B
Bonjour je vous remercie infiniment, je viens de découvrir votre blog , j'ai été enthousiasmée par le ton et l'esprit que j'ai découvert à un moment où je faisais une recherche sur une attaque de chenilles sur un fusain. Celles- ci ressemblant fortement à la pyrale du buis ( images sur internet) je trouve sur votre blog l'information selon laquelle il s'agirait de l'Hypo ou Yponomeute du fusain. A ma grande surprise sur les photos trouvées sur internet mes chenilles ressemblent beaucoup plus à la Pyrale du buis!<br /> Lors de mes 1ères recherches, il était dit que la pyrale du buis s'attaquait également aux fusains et à une autre espèce (dont j'ai oublié le nom)... mais autre affirmation trouvée: seule l'hyponomeute attaque les fusains. Pourrez vous m'éclairer sur ce point ? ma curiosité est bien réveillée...<br /> Par ailleurs, je me suis inspirée de vos conseils pour faire face à cet épisode qui ne semble pas trop préoccupant d'après votre diagnostique! Je pense que maintenant je risque de vous interroger de nouveau si d'autres occasions se présentent et si vous en êtes d'accord. J'ai adoré votre appréciation si tranquille, mesurée et rassurante de la situation. J'ai passé ce soir un temps infini pour retrouver votre blog et me dépatouiller pour comprendre comment communiquer avec vous, je suis contente d'avoir découvert par hasard cet overblog qui me parait d'une grande richesse! Alors merci encore infiniment à vous.<br /> Ode à cette nature qui nous entoure et que vous savez si bien respecter! Très cordialement..<br /> Marie-Hélène .
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M
Merci pour tant de compliments ! La chenille de la pyrale est clairement verte-jaune-noire, celle de l'yponomeute est beige rosé, beige crème ou beige ocré. J'ai ajouté pour vous une photo des 5 stades de chenille de la pyrale dans la page , https://www.oiseaupapillonjardin.fr/2017/07/la-pyrale-du-buis.html<br /> en fin d'article.<br /> A ma connaissance, en France la pyrale ne s'attaque qu'aux buis. Les yponomeutes sont 9 espèces en Europe, qui s'attaquent aussi à plusieurs arbres fruitiers.<br /> Cordialement,<br /> Marie-Claire Rave
D
J'ai simplement pris des gants de jardin imperméables et écrasé les chenilles qui le jour se regroupent en bout de branche. Vite fait, radical, si la plante n'est pas trop grande!
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M
Bonne méthode. C'est encore mieux de les jeter dans la nature, les oiseaux en profiteront !
G
je trouve que cette année tout particulièrement il y a énormément de chenilles . si tu dis de ne rien faire alors essayons .quant à la pyrale nous en sommes atteints dans les vosges ;je me demande si je vais intervenir également . marre de mettre des produits de plus inefficace .> je pense que la nature sait se régénérer toute seule, mais il faut être patient!!!
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M
Vous avez raison, la nature se débrouille très bien toute seule. On voit la différence entre la régulation de l’yponomeute, espèce locale, qui se fait toute seule, et l’invasion de pyrale, brutalement introduite, qui n’a pas assez de prédateurs.