Les avatars de la mare
Nous avons créé au printemps dernier une mare essentiellement pour servir d'abreuvoir à la faune. Or, trop pressés, nous avons commencé les travaux sans étudier les détails et nous nous sommes rendu compte qu'il y avait beaucoup mieux à faire qu'un abreuvoir. Je vous propose donc de partager les échecs et les réussites de cette première tranche de travaux, avant de tripler sa surface l'automne prochain, et par la même occasion, de corriger les erreurs de l'année dernière.
Les bonnes surprises
Une grenouille verte a élu domicile dans la mare dès le jour de la mise en eau, à peine installés les paniers de plantes aquatiques. Elle s'y accrochait pour prendre son bain de soleil. Puis très vite deux puis trois congénères sont arrivés.
Au début de ce deuxième printemps, la surface de l'eau était presque couverte de masses translucides vert clair, qui étaient en fait des oeufs de grenouilles agglomérés. En ce mois d'avril, j'ai pu assister à la naissance de centaines de têtards, qui se sont mis à frétiller tour à tour dans leur œuf, et à sortir sans quitter la masse d'œufs.
L'essentiel de la végétation a bien prospéré en six mois. L'iris des marais (Iris pseudoacorus), le nénuphar jaune sauvage (Nuphar lutea) et le souci d'eau, ou populage (Caltha palustris) ont bien résisté à l'hiver, et le petit pot d'herbe aux écus doré (Lysimachia nummularia aurea) couvre maintenant un demi mètre carré de berge. J'ai prélevé dans un fossé de petites tiges ligneuses de salicaire (Lythrum salicaria) qui ont adoré la berge détrempée. Une végétation spontanée, lentilles d'eau par exemple, est apparue rapidement.
Un sol a commencé à se constituer, tout en laissant l'eau assez claire.
5 mai, quelques jours plus tard, nouvelle surprise : il y a des libellules toutes dorées et cuivrées (Libellula depressa) partout dans le jardin, et nous découvrons dans les iris de la mare deux individus en train de muer. La larve, qui est aquatique, se transforme en imago (l'insecte adulte), qui laisse accrochée dans les feuilles son ancienne peau, l'exuvie.
Les mauvaises surprises
La mare est visuellement trop petite. De simple point d'eau pour les oiseaux, elle deviendra à l'automne prochain une vraie mare capable d'accueillir une faune beaucoup plus diversifiée.
Le myriophylle (Myriophyllum aquaticum) que j'ai acheté en jardinerie sans trop de recherche préalable est complètement inadapté à une petite surface : la moindre petite tige cassée se bouture et la plante envahit la mare.
J'ai craqué en jardinerie pour deux plantes très graphiques : une locale, la massette (Typha latifolia), qui a complètement périclité, et une exotique, la prêle du japon (Equisetum japonicum), qui végète. Mal plantées, je suppose.
Le profil de la mare ne permet pas l'installation spontanée des plantes, qui glissent vers le fond. Les bacs à plantes aquatiques, ajourés, glissent encore plus vite.
Les berges n'ont pas été suffisamment étudiées. Elles ont été profilées en bourrelet arrondi impossible à végétaliser car la bâche noire est trop chaude. Nous l'avons donc recouverte avec du feutre, qui donne un excellent résultat pour l'accroche de la végétation spontanée, et aussi pour permettre aux animaux de remonter sans glisser. Mais, surprise, le feutre produit un "effet mèche" qui pompe l'eau et vide la mare !
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