Zéro déchet au jardin

Publié le par Marie-Claire RAVE

Brise-vent en osier vivant au Festival des Jardins de Chaumont-sur-Loire

Brise-vent en osier vivant au Festival des Jardins de Chaumont-sur-Loire

Personne ne peut plus ignorer l'existence du septième continent : un océan de déchets grand comme six fois la France. Personne ne peut plus ignorer les cadavres d'oiseaux et d'animaux marins dont l'estomac est rempli de plastique. Si les jardiniers, sensibles à la nature, n'éliminent pas le plastique de leur jardin, alors qui le fera ?

Le compost
Le champion du "zéro-déchet" au jardin est bien le compost, qui recycle à l'infini les déchets végétaux. Il reproduit un phénomène naturel tout en l'optimisant. Tandis que le commerce vend des composteurs qui risquent fort de devenir eux-mêmes des déchets non recyclés, la permaculture nous enseigne le compostage en place, extrêmement économe en huile de coude. Les déchets de la cueillette ne sont pas regroupés dans le tas de compost mais laissés sur place. Cette technique est combinée avec la culture en lasagnes, l'engrais vert, le paillage, etc. Bien plus qu’une technique de jardinage figée, c’est une façon d’envisager l’agriculture qui prend soin de l’homme en limitant les travaux pénibles et laisse le plus de place possible à la nature sauvage. Si vous n’êtes pas encore adepte,  mieux vaut pour vous initier acquérir les bases avec un ouvrage pratique.

Les structures : pergolas, treillages, kiosques, cabanes de jardin

osier vivant tressé pergola brise-vent

L'osier vivant nous dispense de métal, de plastique, de PVC et de polycarbonate. Il s’agit de variétés de saules sélectionnés pour cet usage (souvent Salix fragilis) et taillés en têtard pour produire de nouvelles pousses régulières. Pas besoin d'ancrage au sol, puisque les racines assurent cette fonction bien mieux que n'importe quelle fixation. La technique consiste à bouturer des tiges directement en terre, et à les tresser en même temps. Vous pouvez en voir dans la plupart des parcs floraux. Inconvénients : il faut avoir la main verte pour l’entretenir car il pousse, il pousse... 

Le bambou fournit des structures extrêmement solides. Vous pouvez visiter à la Bambouseraie d'Anduze un village entier en bambou. J'ai vu à Hong-Kong des échafaudages de plusieurs dizaines d'étages en bambou de gros diamètre (plus de 10 cm) qui tenaient parfaitement sans aucun calage au sol. En revanche je n'ai  pas vu l'inspection du travail.

bambou turions croissance

C'est une graminée pousse-vite, qui se renouvelle très rapidement contrairement au bois. Il en existe de toute taille.
Quelques conseils de plantation et d'utilisation
Il est un brin envahissant (ci-contre des turions de bambou poussés en quelques heures). Proportionnez vos bambous à vos besoins et plantez-les dans un endroit où vous pourrez le tondre pour le  limiter. Ou bien cantonnez-le entre deux murs ou à l'intérieur d’une membrane anti-rhizomes en caoutchouc. La meilleure époque pour cueillir les chaumes est l'année 2 car en année 1 il est trop vert et flexible, et en année 3 trop sec et cassant.

Bambou taille S, taille M et taille L.Bambou taille S, taille M et taille L.Bambou taille S, taille M et taille L.

Bambou taille S, taille M et taille L.

tuteur bambou clématite

Les tuteurs
De très nombreux végétaux peuvent servir de tuteur, depuis les tiges sèches d'aster pour vos annuelles, jusqu'au sapin pour la plantation de jeunes arbres, en passant par le noisetier, le châtaignier... Le bambou, encore lui, reste mon préféré, car il a des noeuds qui permettent de bloquer des attaches ou de faciliter l’ascension des plantes grimpantes qui s’enroulent toutes seules.

Les petits accessoires
Seul 30 % du plastique est recyclé. S'agissant de petits objets noyés dans les déchets, vous pouvez être sûr qu'ils ne seront pas correctement gérés, qu'ils bloqueront les stations d'épuration ou qu'ils finiront dans le ventre d'un cormoran. C'est donc précisément parce qu'ils sont petits et difficiles à gérer qu'il faut s'habituer à les remplacer par des matériaux recyclables.

Les étiquettes
Tous les botanistes vous le diront : une plante non étiquetée est une plante perdue. L'imagination des artistes-jardiniers n'a pas de limite pour exploiter des matériaux naturels : terre cuite, bois, ardoise, galets... Tout cela tient un peu de place.
Mais les étiquettes de semis ? Encore le bambou, fendu en quatre, ou la récupération des bâtons d’esquimaux tout l’été.

On peut également récupérer le bois léger des vieilles cagettes. Il en existe de toutes tailles et de toutes épaisseurs, qui serviront aux semis pour les plus fines, et pour les plus épaisses aux plantes du potager ou des massifs fleuris. Elles peuvent se découper à la bonne dimension
- soit à la main si c'est dans le fil du bois,
- soit avec une tenaille dans le sens inverse, ou même aux ciseaux pour les très fines.
Attention : travailler avec des gants et ne laisser aucune agrafe !
La solution la plus pratique est de "désosser" la cagette tout de suite au moment de la jeter, elle sera moins encombrante.
A l'automne, les étiquettes oubliées seront compostables sur place.

attache fruitiers ligature zéro-déchet osier biodégradable

Les attaches et liens
L’osier permet de réaliser des attaches biodégradables très durables qui ne blessent pas les plantes. Tout jeune bois souple peut aussi convenir, comme le cornouiller, la ronce ou la clématite. Voici la technique traditionnelle pour lier un arbre à son tuteur :

  • Faire plusieurs « huit » en passant une fois autour du tuteur et une fois autour du jeune arbre, les « huit » sont donc superposés,
  • passer une extrémité à travers une boucle du « huit », puis la seconde dans la boucle opposée,
  • couper les extrémités.

Et celle pour une attache plus légère :

  • une fois les brins d’osier trempés, les plier souplement en deux autour de la plante à attacher,
  • passer la plus grosse extrémité du brin sur le dessus,
  • torsader les brins 3 fois
  • glisser le gros brin dans la boucle,
  • couper les extrémités.
osier jardin écologique tuteurs attaches liens

On peut produire soi-même son osier en plantant une variété de saule adaptée (Salix fragilis, Salix alba, ou pour les plus gros diamètre, Salix viminalis, le saule des vanniers). On récolte les jeunes tiges pendant l’hiver, on les laisse sécher. La veille de l’utilisation, on les fait tremper pendant une nuit dans un évier ou un grand bac. On peut les écorcer ou non.

Le très graphique osier avec ses chatons cotonneux et ses tiges lisses.Le très graphique osier avec ses chatons cotonneux et ses tiges lisses.Le très graphique osier avec ses chatons cotonneux et ses tiges lisses.

Le très graphique osier avec ses chatons cotonneux et ses tiges lisses.

Pour les ligatures de toutes sortes, penser aux ficelles naturelles, du type ficelle de lieuse. Le raphia est intéressant aussi, mais pas très local, puisqu’il s’agit des feuilles d’un palmier (Raphia farinifera, Raphia regalis) qui pousse à Madagascar et en Afrique orientale.

paper potter godets semis papier

Les godets à semis
Pour remplacer les godets en plastique, plusieurs solutions :
- les sachets à semis en non-tissé biodégradables,
- les pastilles que l’ont fait gonfler dans l’eau et qui servent en même temps de substrat,
- les godets faits maison avec des sachets de papier kraft, soit par pliage du type origami, soit avec un petit outil, le paper-potter (photo), conçu à l’origine pour du papier journal,
- les coquilles d’oeuf, à récupérer tout l’hiver pour les semis de printemps,
Ces astuces évitent d’avoir à extraire les plants au moment de la mise en place en pleine terre, puisque les contenants sont biodégradables.

Une solution encore plus radicale : faire ses semis sans aucun contenant :
- avec un presse-mottes, une sorte de moule qui permet de faire de petits cubes de terre sans godets ; il suffit de préparer un terreau assez fibreux pour que le cube puisse être "démoulé",
- ou en étalant le même type de terreau dans des cagettes ou des terrines à semis, et en coupant des sillons avec un couteau de plâtrier, de façon à obtenir des alignements de cubes bien calés les uns contre les autres, sillons qu'on recoupe de temps en temps si nécessaire. Voir les images en fin d'article.

A éviter : les pots en tourbe véritable, qui participent à l'épuisement des tourbières, et le papier journal, du moins tant que les encres seront toxiques pour les sols. On cite souvent les boîtes à œufs - je les ai testées moi-même - toutefois aucune législation à ma connaissance n’impose de fabriquer la cellulose moulée à partir de papiers non glacés ni pelliculés. Ce qui veut dire qu’elles peuvent contenir des micro-particules de plastique.
Un système récent : des sachets en intissé biodégradable, utilisés dans la grande distribution à la place des godets en plastique et trouvés en vente sur internet. Voir les images en fin d'article.

boules de graisse zéro déchet

Les filets des boules de graisse pour les oiseaux
À éliminer totalement ! Achetez des supports ou fabriquez-les avec des matériaux de récupération, grillage à poules, fil de fer de clôture... ou des matériaux naturels. Je privilégie les supports inertes et lisses facilement nettoyables pour éviter la transmission des maladies.

Les voiles anti-insectes, toiles de paillage, protection des cultures
On trouve dans le commerce de plus en plus de produits biodégradables ou compostables pour la protection des cultures : jute, chanvre, coco... pas très locaux. En principe la production du jardin devrait suffire pour le paillage et la protection hivernale, sauf si l’on plante des espèces fragiles vraiment inadaptées au lieu. Mais comme je ne m’interdis rien, je garde quelques adresses en réserve (voir shopping). Néanmoins il reste un produit difficile à fabriquer soi-même, le voile de protection contre les insectes (par exemple les altistes qui ravagent la roquette et les autres brassicacées). Il en existe désormais à base d’amidon de maïs ou de pomme de terre, totalement compostables.

Les serres
Je cherche encore l'alternative à la bâche plastique et au polycarbonate. Les serres en verre nécessitent des fondations, une structure solide, et du verre, qui est extrêmement énergivore et coûteux. Un bon compromis est sans doute la serre semi-enterrée, que je n'ai  pas expérimentée, dans laquelle la quantité de verre est optimisée.

Sachets à semis biodégradables
Sachets à semis biodégradables
Sachets à semis biodégradables
Sachets à semis biodégradables
Sachets à semis biodégradables

Sachets à semis biodégradables

Minimottes avec ou sans presse-mottes
Minimottes avec ou sans presse-mottes

Minimottes avec ou sans presse-mottes

Sources, informations complémentaires, shopping
Pour le compostage : auteure d'un blog, j'ai plaisir à citer un e-book réalisé par treize blogueurs jardiniers bio, Comment enrichir sa terre pendant l'hiver, qui contient un article sur le compostage en place.
Pour l’osier vivant, un site de vente en ligne qui répond à toutes les questions que l’on peut se poser, osiervivant.com et un site de producteur d’osier pour les autres utilisations, osierpro.com
Le paper-potter, par exemple chez Botanique Editions
Le presse-mottes pour petites quantités par exemple chez Ducatillon
Filets anti-insectes chez Agrifournitures 
Les toiles de paillage biodégradables chez Direct-filet 
Divers matériaux naturels chez Matériaux-naturels
Les sachets à semis chez Manomano

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Publié dans Aménagements, Plantations

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F
Merci pour toutes ces informations. <br /> Cordialement<br /> Pour l'association FERME
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M
Merci !