Le houx, une beauté toxique, sauf pour les oiseaux et les insectes
Lors des fêtes de fin d'année, l'Anses rappelle que le houx (Ilex aquifolium) est toxique pour les animaux domestiques et pour les humains, surtout les enfants. C'est particulièrement le cas des branches coupées pour nos décorations de Noël à la maison ou aux alentours, car au jardin ou dans la nature, les feuilles piquantes constituent une barrière qui empêche d'approcher les baies sur l'arbre ou tombées au sol. En revanche, c'est une espèce idéale pour les oiseaux et les insectes.
Pour les insectes
En mai-juin, le houx fleurit en bouquets de petites fleurs blanches qui attirent les pollinisateurs. Le papillon citron hiverne fréquemment dans son feuillage protecteur. Le houx est très peu attaqué par des insectes parasites. On lui connaît principalement la mouche du houx ou mineuse du houx (Phytomiza ilicis), un petit diptère dont la larve creuse des galeries dans l'épaisseur de la feuille. Mais elle reste rare et ne cause pas trop de dégâts. Il apparaît rarement quelques pucerons ou cochenilles.
C'est pourquoi, abritant de nombreux insectes auxiliaires du jardinier et presque jamais parasité, c'est un excellent arbuste à intégrer à une haie à insectes (haie entomofaune) protectrice des cultures, voir le § Au jardin.
Pour les oiseaux
Les oiseaux, surtout les merles et les grives, raffolent des baies de houx en hiver, d'autant plus qu'elles persistent très longtemps. C'est un plaisir de voir le spectacle des merles défendant "leur" houx, dont ils se sont auto-proclamés propriétaires. Car les baies conviennent aussi à de nombreux autres oiseaux : inutile donc de choisir des variétés horticoles à grosses baies, trop grosses pour les petits becs.
Du fait de ses feuilles épineuses et persistantes, le houx est un refuge même en hiver contre les prédateurs qui ne peuvent pas fondre sur l'arbre depuis le ciel, comme les rapaces, ni grimper facilement depuis le sol, comme les chats. La preuve en est que les troupes de mésanges à longue queue, qui ne cessent de tourner autour du jardin en suivant les haies, font bien souvent étape sur les houx.
Le caractère défensif des feuilles en fait une espèce favorable à la construction des nids.
Pour les humains
A la maison
C'est la plante de Noël utilisée en décoration dedans-dehors, avec le gui. Et les centres anti-poison, selon l'Anses, reçoivent justement chaque année 60 à 80 appels pour des intoxications d'enfants ayant ingéré accidentellement des baies de houx, dont 40 % lors des fêtes de fin d'année. Deux baies suffisent pour s'intoxiquer gravement. En cas de salivation importante, de vomissements, diarrhées, somnolence, convulsions, ne faites surtout pas boire et contactez un centre anti-poisons.
Le houx a certains éléments en commun avec le chocolat : la caféine et la théobromine. Comme le chocolat il provoque une intoxication grave chez le chien, qui se manifeste par des troubles digestifs et neurologiques. D'après le centre anti-poison de l'Ecole vétérinaire de Nantes, on ne connaît pas la dose toxique, mais les symptômes peuvent apparaître lorsqu’un chien de taille moyenne mâchonne deux baies et cela peut être mortel à partir de vingt baies. Les chats peuvent également être intoxiqués.
Au jardin
C'est un arbuste qui pousse un peu partout en Europe, jusqu'à 1500 m d'altitude, en terrain à tendance acide. Il tolère le calcaire à condition que le climat soit assez humide. C'est un arbuste qui pousse spontanément en sous-bois, souvent près des hêtres, il se plaît donc à mi-ombre, mais il supporte les expositions plus sombres ou plus ensoleillées.
Etant donné qu'il est très peu parasité et qu'il attire de nombreux insectes, il est très intéressant en haie entomofaune, c'est-à-dire une haie variée à insectes auxiliaires. La biodiversité assure ainsi une régulation des ravageurs, qui sont bien souvent favorisés par la monoculture. A cela s'ajoute son caractère persistant, ses baies qui tiennent tout l'hiver et ses feuilles défensives. Ne vous étonnez pas de voir des formes de feuilles différentes sur un même arbre, allant d'un bord complètement lisse à un bord fortement ondulé et épineux (phénomène appelé hétérophyllie). Les feuilles d'hiver sont plus épineuses, sans doute pour se protéger des brouteurs qui n'ont rien d'autre à se mettre sous la dent.
On peut lui trouver deux points faibles :
- c'est un arbre à croissance très lente, mais il peut vivre jusqu'à 300 ans, vous avez le temps...,
- c'est une plante dioïque, c'est-à-dire qu'il faut des pieds mâles et des pieds femelles pour que le houx fructifie (sachant qu'un pied mâle suffit pour 5 ou 6 pieds femelles).
Pour y remédier, on peut d'une part l'associer à des arbustes locaux à croissance rapide pour créer une haie, d'autre part acheter en jardinerie une variété horticole autofertile, créée justement pour éviter d'avoir à planter plusieurs pieds lorsqu'on manque de place.
Sources, informations complémentaires
Le communiqué de l'Anses, Agence nationale de sécurité sanitaire du 15 décembre 2020, qui concerne aussi le gui et le poinsettia
La page Houx du site Toxiplante, site animé par une équipe de pharmaciens
La page Houx du CAPAE, Centre anti-poison animal et environnemental de l'Ouest, animé par les enseignants chercheurs d'Oniris, l'Ecole nationale vétérinaire, agroalimentaire et de l'alimentation de Nantes-Atlantique
Pour voir le plus beau conservatoire d'Europe consacré au houx, le Jardin arboretum d'Ilex à Meung-sur-Loire.
A retrouver dans le livre Merveilleuse faune du jardin
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