L’églantier
L'églantier, ou rosier des chiens car il était censé guérir des morsures de chiens enragés, ou rosier des haies car c'est là qu'il pousse spontanément, ou gratte-cul pour le poil à gratter contenu dans le fruit, est un rosier sauvage jamais malade qui pousse un peu partout en Europe, depuis la Méditerranée jusqu'aux sommets alpins, de préférence dans les haies champêtres ou en lisière de forêt, en plaine.
Pour les insectes
Les cétoines grises adorent dévorer le coeur et les pétales des églantines comme ceux des roses. Cela permet d'exporter celles qui boulottent vos roses dans l'églantier le plus proche. Les abeilles, les bourdons et les papillons fréquentent également les fleurs, et le cypnis du rosier (Diplolepis rosae) pond dans les tissus de la plante provoquant une galle (voir § Au jardin). La mégachile des jardins (Megachile willughbiella) est une abeille solitaire coupeuse de feuilles qui découpe en ronds parfaits les feuilles d'églantiers et de quelques autres plantes pour construire les cellules et le bouchon de fermeture de son nid. Plusieurs autres espèces de mégachiles, dites caulicoles, construisent leur nid dans les tiges creuses des plantes à moëlle, dont fait partie l'églantier.
Pour les oiseaux
Le fruit de l’églantier, le cynorrhodon (botaniquement parlant un faux-fruit qui contient les graines), est très apprécié des oiseaux. Il fait partie de ces fruits riches en antioxydants qui neutralisent les radicaux libres néfastes pour les organismes. Il contient notamment des flavonoïdes, ses pigments rouges. Des études concordantes ont montré la capacité des oiseaux à repérer, par des mécanismes pas encore élucidés, les fruits les plus riches en antioxydants.
Les propriétés anti-virales, anti-inflammatoires, anti-allergiques et immuno-stimulantes des composés contenus dans les fruits rouges permettent aux oiseaux de mieux supporter le stress oxydatif de la migration ou, pour ceux qui restent, de mieux résister à l'hiver.
Et accessoirement pour les humains
En phytothérapie
Vous trouverez sur des sites spécialisés la longue liste des bienfaits réels ou supposés de l'églantier : tonique, anti-oxydant, vermifuge, laxatif, diurétique, anti-inflammatoire, décongestionnant, immuno-modulateur, immuno-stimulant..., grâce à ses multiples vitamines, minéraux, flavonoïdes, etc. Attention, ce n'est pas parce qu'elles sont naturelles que les plantes sont inoffensives. Elles peuvent provoquer des effets secondaires et présenter des contre-indications. Consultez un médecin ou un phytothérapeute, qui conseillent généralement pas plus de 5 grammes par jour.
En cuisine
A condition d'en laisser aux oiseaux, on peut manger le cynorrhodon cru lorsqu'il est blet, c'est-à-dire mou et fripé, avec une peau qui semble transparente. Il est alors bourré de vitamine C, dix fois plus que les agrumes. Méfiance tout de même, les poils contenus dans le cynorrhodon sont très irritants : pour qu’ils restent dans l’enveloppe du fruit, on appuie sur son ventre, cela fait sortir la pulpe comme le dentifrice sort du tube, et on vérifie sur son doigt qu’il ne reste pas un ou deux poils avant d’avaler. On peut aussi en faire des confitures ou des gelées, ou le réduire en purée pour l'intégrer à des recettes salées ou sucrées (smoothies, pâtisserie, potages, sauces...). Il existe une recette traditionnelle de liqueur. Dans toutes ces recettes, le décorticage préalable est assez long !
Les fleurs s'utilisent en pâtisserie comme les pétales de rose, leur saveur est longue en bouche. On trouve également des recettes de gelée à base de fleurs, éventuellement mélangées avec des pétales de rose. Prélever les fleurs modérément, pour ne pas se priver des futurs fruits.
Au jardin
Il pousse dans tous les types de sol, avec une préférence pour les terrains drainés à tendance calcaire. Dans ces conditions, il se sème tout seul dans les haies et se propage facilement, il suffit alors de prélever un petit plant spontané chez des amis ou au bord d'une route. On peut aussi le multiplier par semis, bouturage ou prélèvement d'un fragment de souche. Il ne demande pas d'entretien.
L'églantier étant un rosier sauvage, il est utilisé comme porte-greffe pour la plupart des rosiers destinés aux jardins. Les rosiers buissons sont plutôt greffés sur la variété Rosa canina 'laxa' (aussi appelé Rosa canina 'froebelli') pour sa tolérance au calcaire et sa résistance à la sécheresse et au gel. Les rosiers-tiges ou pleureurs sont plutôt greffés sur Rosa canina 'Pfänders'. Les rosiers grimpants et les polyanthas ne sont pas greffés sur l'églantier mais sur le rosier multiflore, un rosier sauvage originaire d'Extrême-Orient (Rosa multiflora), pour sa vigueur et ses ramifications fournies ; ce porte-greffe convient aussi aux rosiers vendus en conteneur du fait de son système racinaire très souple.
L’églantier, comme le rosier, peut être attaqué par un petit insecte, le cynips du rosier (Diplolepis rosae) ou guêpe gallicole du rosier. C’est un tout petit hyménoptère noir de cinq millimètres, qui pond en mai ses œufs dans les tissus de la plante. Il se forme alors une galle chevelue, le bédégar ou "barbe de Saint-Pierre", d’abord vert clair, puis rouge puis brune. Le rosier ou l’églantier n’en souffrent pas vraiment, de plus cet insecte a un rôle positif au jardin, puisqu'il régule les populations de cicadelles, cet autre insecte qui suce la sève des plantes. On peut néanmoins limiter la multiplication des galles en coupant le rameau atteint et en le brûlant. Il peut aussi être parasité par la rouille du rosier (Phragmidium mucronatum), un champignon qui ressemble à une fine mousse orange, sans grande conséquence non plus. A limiter de la même façon.
Et enfin en parfumerie
L'églantine a longtemps été utilisée pour ses notes délicates, mais elle est peu productive. Elle a donc été délaissée au profit des roses. Une espèce voisine, originaire du Chili et du Pérou, Rosa rubiginosa, le rosier rubigineux ou églantier couleur de rouille ou églantier à odeur de pomme, est utilisée pour produire l'huile de rose musquée du Chili, à partir du fruit.
Quelques rosiers greffés sur Rosa canina 'laxa' : Chartreuse de parme (Delbard), Astronomia et Alain Souchon (Meilland)
Informations complémentaires
Si vous souhaitez participer à la préservation et à la plantation de haies, contactez l'association La Haie donneurs.
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