La première carte affective du monde vivant vient d'être publiée
Pourquoi préférons-nous le mignon petit écureuil, qui mange les oisillons tout crus, au noble cafard qui élimine patiemment les déchets de nos pizzérias ? Une équipe de chercheurs vient de nous proposer une nouvelle vision à travers l'étude de notre empathie et notre compassion pour les êtres vivants.
Nous savions déjà confusément que nous nous sentons plus proche d'un bébé panda que d'un calamar. Cette étude met en lumière le fait que notre rapport affectif au Vivant, plantes et animaux, est en lien direct avec l'évolution des espèces. Plus un organisme est évolutivement éloigné de nous, moins nous nous reconnaissons en lui et moins nous nous émouvons de son sort : "Lorsqu'une espèce nous est évolutivement proche (exemple grands singes VS méduses ou anémones), nous partageons avec elle des caractéristiques, notamment physiques, progressivement acquises au cours de notre évolution commune. Aussi pouvons-nous plus facilement reconnaître en elle un alter ego, et adopter à son égard les mêmes comportements prosociaux que ceux nous permettant d'entretenir des relations harmonieuses avec nos semblables humains (ex. compassion, altruisme, attachement).
Les chercheurs se sont fondés sur les réponses de 3500 internautes à un questionnaire sur leur perception de plantes et d'animaux, associé à des photographies.
L'empathie, c'est notre capacité à percevoir intuitivement les émotions et les états mentaux d'autrui.
La compassion, c'est un sentiment induit par la souffrance d'autrui, associé à la volonté désintéressée d'y remédier.
L'étude portant sur ces deux notions vis-à-vis de l'ensemble du Vivant n'est pas anodine pour l'objet de ce site "Oiseaux et papillons au jardin, ou comment protéger la biodiversité en commençant par son jardin". Pourquoi nourrir telle ou telle espèce ? Quel est le risque d'en privilégier une par rapport à une autre ? Lorsque nous intervenons au secours (pensons-nous) d'une espèce, quel est l'impact sur la biodiversité ?
A suivre...
Sources, informations complémentaires
La synthèse du Muséum national d'histoire naturelle du 20 décembre 2019
L'étude complète : Empathy and compassion toward other species decrease vith evolutionary divergence time, Aurélien Miralles, Michel Raymond, Guillaume Lecointre, Scientific reports. 2019.
L'équipe scientifique : l'Institut de systématique, évolution, biodiversité - ISYEB (Muséum d'histoire naturelle/CNRS/EPHE/UPMC) et l'ISEM (Université de Montpellier/CNRS/EPHE/IRD)