Eau et moustiques
Les moustiques sont utiles, ils ont une fonction dans la nature.
Ils participent à la pollinisation en se chargeant de pollen à la recherche du nectar des fleurs, dont ils se nourrissent, ils entrent dans la chaîne alimentaire en se faisant manger par les lézards, les batraciens et les oiseaux, leurs larves filtrent l'eau - jusqu'à deux litres par jour - en se nourrissant de déchets organiques, participant ainsi à la bioépuration des marécages.
En revanche, ils posent un véritable problème de santé publique car ils sont le vecteur de nombreuses maladies. En Europe, la paludisme a été éradiqué, mais les déplacements de marchandises et de populations ont apporté de nouvelles pathologies : la dengue, le chikungunya et plus récemment le virus du Nil occidental. Chez les oiseaux, ils ont généré en 2018 une hécatombe en véhiculant le virus Usutu.
Il n'est donc pas possible ni souhaitable d'éradiquer les moustiques, on leur demande simplement d'aller se nourrir un peu plus loin au lieu de pomper notre sang.
L'œuf du moustique éclôt dans l'eau
Pour pondre, la femelle moustique attend les conditions optimales de chaleur et d'humidité.
Avec un repas de sang toutes les quarante-huit heures, elle peut développer chaque fois jusqu'à 200 œufs. Elle pond, selon les espèces, soit à la surface de l'eau, soit sur un terrain humide amené à être immergé, par les pluies ou une inondation par exemple.
Dans l'eau, les œufs, pondus isolés ou groupés par paquets de cinquante à deux cents, flottent le temps que l'embryon se développe, une semaine en été, plusieurs mois en hiver. Ces zones sont les "gîtes larvaires". L'œuf éclôt en donnant une larve qui vit dans l'eau. Elle mue quatre fois avant de se transformer en nymphe, d'où émerge le moustique adulte.
Sans eau, l'œuf peut patienter très longtemps
Pour lutter contre les moustiques, il faut savoir que ses œufs peuvent rester viables de cinq à dix ans. Même sans eau, dans une zone simplement humide, le stock de futurs moustiques peut attendre l'arrivée de l'eau pendant des années.
Le cycle de vie complet du moustique
Il est exposé sur le site l'EID Atlantique (Etablissement interdépartemental de démoustication du littoral atlantique), à qui j'emprunte ce schéma :
Eliminer l'eau stagnante
Selon le site vigilance-moustiques.com, "des pépinières aux eaux usées, la vigilance commence par les gîtes larvaires. On trouve des larves dans toutes les collections d'eau où elles peuvent se nourrir : marécages, égouts, creux d'arbres, vieux pneus, bassins d'hiver, fûts d'eau de pluie, mais pas dans les eaux courantes, ni dans les piscines ou dans la mer. Selon les espèces, ces gîtes peuvent s'étager du bord de la mer, à des altitudes élevées (mais rarement au-dessus de 1500 mètres), dans des zones dépourvues de végétation ou bien des zones très ombragées, dans des eaux douces ou polluées, parfois saumâtres. Dans certaines conditions, la densité larvaire est telle que les larves peuvent occuper la totalité de la surface du plan d'eau. En milieu urbain, l'été, il n'est pas rare de voir des foyers de piqûres à proximité des grandes enseignes de magasins pour le jardin."
Quelques astuces :
- Vérifier que les gouttières ne contiennent pas d'eau bloquée par les feuilles.
- Ne pas laisser d'eau dans les soucoupes des pots de fleurs.
- Les larves ayant besoin d'eau calme, une solution consiste à remuer l'eau des bassins décoratifs en permanence, par exemple par une fontaine alimentée par une petite pompe.
- Eliminer du jardin tous les contenants, boîtes de conserve, pneus, bâches, brouettes...
- En cas de travaux, veiller à tout ce qui peut contenir de l'eau.
- Les collecteurs d'eau de pluie qui ne peuvent pas être fermés peuvent être recouverts d'une fine couche d'huile, car cela prive les larves d'oxygène, ou d'une moustiquaire
Pour les coins humides du jardin, binage et plantes répulsives
Sachant comment se comportent les œufs dans la durée, mieux vaut les éliminer en grattant régulièrement le terrain, en l'asséchant, en le paillant largement, selon la situation.
On peut aussi planter en masse des variétés de plantes qui ont la réputation d'être répulsives pour les moustiques adultes :
- de la menthe et de l'aspérule odorante à l'ombre,
- du pyrèthre de Dalmatie (couper régulièrement les fleurs fanées pour prolonger la floraison car c'est la fleur qui contient un insecticide naturel), du thym citronnelle et de la lavande au soleil en drainant le terrain,
- du tabac d'ornement et de la mélisse en toute situation.
Les alliacées (ail, oignon, ciboulette) éloignent aussi les moustiques mais ne sont pas très agréables non plus pour les humains.
Notez que lorsque l'on achète une plante en jardinerie, véritable nid à moustiques, il faut enterrer la motte le plus profondément possible pour empêcher les œufs éventuels de prospérer.
Favoriser la biodiversité
Dans les mares, les moustiques sont régulés par les tritons, les crapauds, les grenouilles et les salamandres qui dévorent les paquets de larves. Toutefois, les mares installées récemment (moins d'un an) sont souvent envahies par les moustiques avant que les insectes et autres prédateurs aient eu le temps de la coloniser, soyez vigilants.
Les oiseaux, notamment l'engoulevent, et les chauves-souris consomment les moustiques adultes. Dans les bassins fermés, l'introduction d'un petit poisson, la gambusie (Gambusia affinis), grande consommatrice de larves de moustiques, peut être une solution. Toutefois, selon l'INRAE, cette méthode "naturelle" est incertaine car ce poisson exotique risque d'éliminer les espèces autochtones, même si elle a permis d'éradiquer le paludisme en Corse par exemple.
L'élimination des gîtes larvaires : une action collective et citoyenne
Certains moustiques sont pratiquement sédentaires, tel le moustique tigre (Aedes albopictus) qui se déplace au maximum d'une centaine de mètres. D'autres (Culex pipiens) profitent d'un vent chaud et humide pour se déplacer de quelques kilomètres. Seule une action collective peut éliminer les gîtes larvaires dans les zones habitées, en élargissant la vigilance autour de chez soi : signaler à la mairie les eaux stagnantes accidentelles (chantiers par exemple), informer votre voisinage, etc.
Vous pouvez agir au sein de votre conseil municipal, de votre entreprise, vos collectivités locales, pour éliminer les gîtes larvaires potentiels.
NB - Notons qu'il existe une application développée par l’EID Atlantique pour signaler un moustique tigre : I Moustique.
Des essais de lutte biologique sont en cours, avec la bactérie Wolbachia notamment, lutte réglementée par les Etats. A suivre.
L'arsenal traditionnel individuel : moustiquaire, vêtements, lotions
Pour se protéger individuellement, cumuler plusieurs solutions :
- Les pesticides nous ont fait oublier la bonne vieille moustiquaire autour du lit ou aux fenêtres, il existe pour les ouvertures des versions modernes, à enrouleur, qui se font discrètes l'hiver. On trouve aussi des moustiquaires-rideaux pour les portes, qui se referment à chaque passage grâce à un ruban aimanté.
- Le Ministère de la santé préconise des vêtements amples et clairs (plusieurs espèces de moustiques sont attirées par les couleurs sombres), à manches longues.
- Les pélargoniums odorants sur les balcons et fenêtres éloignent les moustiques.
- Il existe enfin des lotions répulsives.
- Dans tous les cas, éviter les zones infestées au lever du jour et à la tombée de la nuit.
Sources, informations complémentaires
Le site du Ministère de la santé, carte 2018, page mise à jour le 26 avril 2019
Vigilance moustique, site financé par un fabricant de lotions anti-moustiques, mis à jour le 28 avril 2019
L'EID Atlantique
La fiche de l'INRA, déjà ancienne (2002) sur la gambusie
Les mares comme facteur de dispersion du moustique tigre ? , une étude réalisée dans la région Grand-Est
Rédigé le 1er mai 2019, mis à jour le 1er juin 2020
Retour à Soif !
Retour à Une mare pour la faune