Le tournesol
Helianthus annuus, le tournesol (ou, selon les régions et les époques, héliotrope, maurelle, soleil, grand soleil, soleil des jardins, graine à perroquet…) est une plante annuelle qui intéresse beaucoup de monde, limaces, insectes butineurs, oiseaux et enfants. Et il est très facile à cultiver, pour un effet spectaculaire, à condition de disposer d'un peu de place.
Une mécanique subtile
Qu'est-ce qui fait tourner la tête du soleil ? On le sait depuis 2016, c'est sa tige, qui ne pousse que d'un côté à la fois. Les botanistes de l'université de Californie ont démontré que des molécules photoréceptrices, les phototropines, détectent la lumière. Une hormone de croissance, l'auxine, est alors acheminée vers la partie de la tige qui se trouve à l'ombre. La tige pousse donc plus vite côté ombre et fait pencher la tête côté soleil.
Mais la nuit ? Pour une raison encore mystérieuse, seul le côté ouest de la tige grandit, ce qui ramène la tête côté est, prête pour recommencer le cycle le lendemain matin.
Pour analyser un phénomène naturel, une méthode consiste à le contrarier. Ainsi, en empêchant le tournesol de tourner, par un système de tuteurs, ou bien en le tournant à l'est le soir et à l'ouest le matin, on a constaté que les plants étaient complètement désorientés et perdaient 10 % de leur masse par rapport aux plants laissés libres. L'héliotropisme optimise donc la pousse du tournesol.
Mais la lumière solaire ne suffit pas à expliquer le mécanisme. En simulant un soleil fixe ou une journée de 30 heures par une lumière artificielle, on obtient des tournesols qui se tortillent dans tous les sens. Ils ont donc une horloge interne qui gère un cycle circadien.
Quand la fleur est complètement ouverte, le cycle s'arrête fleur face à l'est. Les fleurs emmagasinent de cette façon un maximum de chaleur dès le matin, ce qui les rend plus attractives pour les abeilles.
Enfin, quand les graines mûrissent, la tête se penche vers le sol, ce qui évite à la fleur d'être brûlée par le soleil.
Gros becs, petits becs
Les graines sont riches en lipides, protéines et sels minéraux. Les variétés sont nombreuses, la meilleure pour les passereaux étant la variété à petites graines noires mieux adaptée aux petits becs, plutôt que les graines striées. On en trouve à la boutique de la LPO pour le nourrissage d'hiver, et on peut en garder pour les semer au jardin au printemps suivant, les oiseaux s'en régaleront sur pied en fin d'été.
En jardin désordonné ou en ligne
Lorsque l'on aime les coins de jardin sauvages, les variétés à tige courte (jusqu'à 1 mètre) peuvent se mélanger avec d'autres plantes à graines (cardères, chardons, cosmos, scabieuses…), elles n'auront pas besoin d'être tuteurées. Plus les variétés seront hautes (jusqu'à 4,50 mètres), plus vous risquez d'avoir à les tuteurer, la plantation en ligne est alors plus adaptée car elle permet de tendre des fils pour les attacher.
Dans ce cas, espacer les rangs de 80 cm pour circuler facilement au milieu, et semer tous les 20 à 30 cm selon la variété choisie. Pour les tournesols vraiment géants, prévoir 50 cm. En semant un peu plus serré, tous les 10 à 15 cm, vous pourrez éclaircir et garder les meilleurs plants.
Des réserves pour l'hiver
Le tournesol est la nourriture préférée des oiseaux en hiver, ils en consomment de grandes quantités. A moins de disposer d'un champ, il ne faut pas espérer en produire suffisamment pour l'hiver, mais on peut en réserver quelques têtes à couper pour les répartir au jardin à l'abri des intempéries. Les petits conditionnements reviennent très cher. Mieux vaut les acheter en gros sacs, et même, pour éviter les emballages non recyclables, se les procurer directement chez un minotier. A panacher avec les petites graines noires adaptées aux petits becs.
Pour conserver quelques têtes pour l'hiver, il faut passer avant les oiseaux ! Pour cela, avant maturité, les mettre sous filet anti-insectes par exemple (pas de filets à grosses mailles qui risquent de piéger les oiseaux).
Attention ! La consommation excessive de tournesol peut avoir un impact négatif sur la reproduction des oiseaux, surtout des verdiers, car elle augmente le taux d'acide linoléique dans le sang, corrélé à des anomalies chez leurs spermatozoïdes. Il est donc conseillé de donner plusieurs variétés de graines et d'arrêter le nourrissage l'été.
Culture
Pour produire cette masse de graines, le tournesol est exigeant, choisissez bien l'emplacement :
- plein soleil,
- terre riche et bien drainée (ou apport de sable et de compost),
- terre qui reste fraîche l'été, ou arrosage dès que le feuillage commence à flétrir.
Le tournesol a des racines très fragiles qui supportent mal le repiquage, semez-le en place fin avril ou en mai dès que la terre est réchauffée. Pour avancer la culture, il est possible de cultiver en godets de tourbe afin d'éviter le dépotage. Protégez-le des limaces tant que les plants sont jeunes, par exemple avec des bouteilles en plastiques de récupération dont on a découpé le fond… solution qui a des limites. Pour de plus grandes quantités, perfectionnez vos méthodes anti-limaces.
Paillez autour (ou désherbez) jusqu'à ce que les plants soient assez grands.
Sources, informations complémentaires
Sur l'héliotropisme du tournesol : Circadian regulation of sunflower heliotropism, floral orientation, and pollinator visits, Stacey L. Harmer, resaerchgate.net, 4 aôut 2016
Graines noires bio pour l'hiver à la boutique de la LPO
Graines bio pour semis à la Ferme Sainte Marthe
Sur l'excès de consommation de tournesol par les oiseaux : Journal of Avian Biology de février 2019
Et plein de sites pour s'amuser à fabriquer son huile de tournesol ou griller des graines pour l'apéritif au lieu d'importer des cacahuètes...
Créé le 8/09/2018
Mis à jour le 16/04/2019