Le tamier et ses pousses, les "respountchous" du Sud-Ouest
Dioscorea communis, la tamier commun, pousse un peu partout en France. Si l'on en croit les mille noms qui lui sont donnés, il a accompagné la vie des habitants de toutes les régions durant des siècles : herbe aux femmes battues car elle soignait les ecchymoses, vigne noire ou raisin de couleuvre ou bien raisin du diable pour ses baies, haut liseron ou courge du diable pour son caractère volubile, racine vierge, sceau de Notre-Dame ou navet de feu pour sa racine noire à intérieur blanc, et toutes les combinaisons possibles de ces expressions. "Raisin" domine dans le Sud, "navet" dans le Nord. En occitan, ce sont les respountchous (bien prononcer le "s" final) et toutes les variantes possibles.
Des baies pour les oiseaux, toxiques pour les humains
C'est une plante dioïque, les pieds mâles se distinguent des pieds femelles par des grappes de fleurs plus courtes. En fin d'été, les baies apparaissent sur les pieds femelles et restent sur la plante après la chute des feuilles. Elles sont très appréciées des oiseaux.
Pourtant ces baies sont toxiques pour les humains. Leur goût agréable est trompeur, il se transforme rapidement en une sensation de brûlure, ce qui en fait un répulsif suffisant. Toutefois, en présence d'enfants, mieux vaut arracher les pieds femelles ou supprimer les baies dans les endroits fréquentés.
Une grimpante qui envahit des haies et les arbustes
Elle aime germer à l'ombre, puis recherche la lumière en s'enroulant dans les arbustes, jusqu'à deux ou trois mètres de hauteur. Au jardin, elle apprécie donc vos haies et arbustes qui sont leur biotope préféré, d'abord comme ombrelles puis comme tuteurs, au point de les envahir de masses de feuilles et de fruits.
Astuces pour la limiter
C'est une plante de la famille de l'igname, les Dioscoréacées. Comme l'igname, elle a une grosse racine tubéreuse, qui reste en terre l'hiver. On trouve de petites pousses partout dans les haies et au pied des arbustes, ainsi qu'à la base de tout ce qui peut servir de perchoir aux oiseaux, bancs, grilles, boîtes aux lettres... Ce qui indique que les oiseaux ont déposé là les graines délicatement fertilisées par le passage dans leurs intestins. Lorsque la plante devient vraiment envahissante au jardin, il suffit d'extraire les petites racines tubéreuses, ou bien, si elles sont devenues trop grosses ou inextricablement mêlées aux racines des arbustes, de couper régulièrement les pousses. On peut encore supprimer les baies, mais c'est dommage pour les oiseaux.
Accessoirement pour les humains
En phytothérapie
L'herbe aux femmes battues est le nom qui domine, pour ses propriétés thérapeutiques contre les bleus et contusions. Certaines de ses propriétés ont été confirmées par des études sérieuses, d'autres sont plus fantaisistes, ou du moins leurs bénéfices ne sont pas à la hauteur des risques. Consulter un médecin avant de s'aventurer dans son utilisation. Aujourd'hui on l'utilise en homéopathie.
En cuisine
Les jeunes pousses printanières, les respountchous sont très recherchées dans le Sud-Ouest et se consomment comme des asperges sauvages. C'est d'ailleurs la seule partie de la plante qui soit comestible, à condition de la cueillir très jeune, alors que les fleurs sont à peine visibles à l’aisselle des minuscules feuilles. Elles sont très amères, et c'est justement cette amertume qui est appréciée. Elle est atténuée par la cuisson. On récolte le bout des pousses, de vingt centimètres au maximum, on les fait bouillir dans l'eau 4 minutes avec un peu de vinaigre et on les consomme chaudes ou froides en salade ou plat principal avec des oeufs mollets et des lardons par exemple.