Le prunellier
Le prunellier (Prunus spinosa) fleurit très tôt au printemps. On le repère très facilement dans les haies dès la mi-mars, grâce à sa floraison blanche en masses abondantes. C'est le moment d'aller chercher les petits plants qui poussent dans les chemins, ce n'est pas une espèce protégée ! Bien au contraire, il risque de devenir un brin envahissant dans un tout petit jardin, à condition de disposer d'une terre profonde et drainante et d'être en pleine lumière. On l'oublie en été, son feuillage étant tout simple, puis on redécouvre le prunellier en automne et tard en hiver grâce à ses prunelles, ces petites prunes bleues recouvertes d'une pruine mate, qui restent sur l'arbre après la chute des feuilles.. En y passant les doigts, on enlève la pruine et on les rend brillantes et presque noires.
Pour les haies défensives
On reconnaît les petits plans, pas encore fleuris, par leur bois noir et leurs rameaux piquants qui se ramifient à angle droit, d'où son nom vernaculaire d'épine noire (alors que l'aubépine est l'épine blanche).
C'est l'arbuste idéal pour arrêter le bétail, qui se tient à distance de ses épines. Il permet aussi de stabiliser les talus. D'une part le prunellier se sème facilement grâce aux oiseaux qui consomment les fruits et restituent à la nature le noyau finement enveloppé d'une couche d'engrais. D'autre part il drageonne énormément, ce qui rend la haie ou le bosquet extrêmement dense, voire impénétrable.
Pour les oiseaux
Les prunelles sont appréciées des oiseaux, surtout en plein hiver quand il n'y a rien à se mettre dans le bec. Il est parfait dans une haie à oiseaux à condition de contenir son expansion.
Pour les abeilles et les papillons
La floraison très précoce du prunellier intéresse les premières abeilles, ses fleurs très mellifères nourrissent de nombreux insectes pollinisateurs. Il fait partie de la famille des rosacées, qui sont dévorées par de nombreuses espèces de chenilles, futurs papillons de jour ou de nuit. Quelques exemples : le paon de nuit (le petit, Saturnia pavonia, et le moyen, Saturnia spini), la livrée des arbres (Malacosoma neustria), le flambé (Iphiclides podalirius), le gazé (Aporia crataegi), la feuille morte du chêne, (Gastropacha quercifolia), ce champion du camouflage...
Gazé |
Feuille morte du chêne |
Chenille de la livrée des arbres |
Flambé |
... Et accessoirement pour les humains
Il pousse dans toute la France à basse altitude. Chaque région lui donne un nom (épinette, pelossier avec ses pelosses, mère-du-bois, belossay, fourdraine et ses variantes...) et donne naissance à une recette (prunelle de Bourgogne, liqueurs variées, patxaran, "veine d'épine" et eau-de-vie, confitures et gelées, condiment avec le gibier...). Les régions au climat rude, comme le Morvan, utilisent traditionnellement la prunelle qui résiste à l'hiver. Voici une vingtaine de recettes trouvées par hasard sur un blog, Mon chalet en Morvan.
Avant les gelées, le fruit est très astringent, il est préférable de cueillir les prunelles blettes après les gelées. On peut aussi en laisser une partie aux oiseaux et en cueillir une partie avant les gelées et les passer au congélateur pour supprimer l'astringence.
A retrouver dans le livre Merveilleuse faune du jardin
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