1er juillet 2018 : du nouveau contre la pollution lumineuse
A partir d'aujourd'hui, après six ans de tergiversations et de reports, s'applique le décret du 30 janvier 2012 qui impose l'extinction de toutes les enseignes et publicités lumineuses entre 1 heure et 6 heures du matin. Jusqu'ici seules les installations nouvelles étaient concernées, désormais les installations anciennes doivent s'aligner. Deux exceptions : les aéroports et les unités urbaines de plus de 800 000 habitants, où les maires fixent les règles.
Les dégâts de la pollution lumineuse
"La vie a besoin de la nuit ! La nuit a besoin de nous.", c'est le slogan de l'ANPCEN, l'Association Nationale pour la Protection du Ciel et de l'Environnement Nocturne.
La pollution lumineuse perturbe aussi bien la migration des oiseaux, la chute des feuilles des arbres que le système hormonal humain, car de nombreuses fonctions physiologiques sont réglées par l'alternance du jour et de la nuit.
De multiples études nous alertent depuis longtemps sur les conséquences de la gabegie d'éclairage.
- Chez les vers luisants, elle entre en concurrence avec leur stratégie reproductrice, faite d'appels lumineux lors du rapprochement des deux sexes.
- Elle éblouit les chouettes effraies notamment et provoque une mortalité importante.
- Chez les oiseaux migrateurs, elle perturbe la lecture de la carte du ciel.
- La grive musicienne peut tourner autour d'un point lumineux, comme un phare, jusqu'à l'épuisement.
… Cette liste pourrait se poursuivre à l'infini.
Pour sensibiliser le public à la vie animale nocturne, la LPO et la Fédération Nationale des parcs Nationaux organisent tous les deux ans La Nuit de la Chouette. Douze éditions ont eu lieu depuis 1995, la prochaine aura lieu en 2019. Vous pouvez sensibiliser vos amis en participant aux conférences, sorties et animations organisées cette nuit-là.
Une autre opération de sensibilisation a lieu tous les ans : le Jour de la Nuit, par des balades nocturnes, des sorties nature, l'observation des étoiles et l'extinction des lumières, informe le public sur la protection de la biodiversité nocturne et du ciel étoilé. Des formulaires vous permettent de proposer une opération d'extinction ou une animation dans votre ville.
Et dans mon jardin ?
Les architectes tiennent compte de la pollution lumineuse pour choisir l'éclairage des abords de la maison. Pour un jardin que l'on aménage soi-même, la règle d'or est "d'éclairer juste".
L'explosion de l'utilisation des LEDs, du fait de leur faible coût à l'achat, a considérablement augmenté la pollution lumineuse ces dernières années. Or avec très peu de lumière, on peut au contraire créer des ambiances féériques, comme, toutes proportions gardées, ce lac de lumière imaginé par Yann Kersalé sous le bâtiment du Musée du Quai Branly à Paris.
- Une lumière faible et douce est plus agréable que des projecteurs éblouissants.
- Jetez tous vos vieux projecteurs halogènes 500 watts et éclairez uniquement les passages que vous fréquentez réellement !
- Pensez aux endroits où la lumière peut être surmontée de préaux, velums, abris de jardin, etc.
- Plus généralement, veiller à éliminer toutes les déperditions de lumière vers le haut (voir des exemples dans Ma sélection d'éclairages pour le jardin).
- Utilisez le détecteur de mouvement par zones afin que seul l'éclairage utile au bon moment fonctionne.
- Utilisez une minuterie pour être sûr que le luminaire s'éteindra après votre passage.
- Evitez les boules lumineuses qui éclairent le ciel.
Dans ma ville : le label "Villes et villages étoilés"
Vous pouvez suggérer à votre maire de participer au concours "Villes et villages étoilés", qui a pour objectif la suppression ou la limitation de la pollution lumineuse, avec tous les bénéfices qui en découlent : maintien de la biodiversité et des paysages nocturnes, effets favorables sur le sommeil et la santé, économies d'énergie, limitation des gaz à effet de serre induits, promotion de l'éco-conception et du recyclage, capacité d'observation du ciel nocturne… un concentré des défis qui nous attendent.
La bioluminescence, une solution d'avenir
Une start-up, la société Glowee, développe une technique inspirée de la nature pour créer une lumière douce et peu coûteuse. Dans les abysses, que les rayons du soleil ne peuvent pas atteindre, les organismes vivants produisent une lumière bleu-vert pour communiquer, attaquer ou se défendre. Il s'agit d'une réaction chimique, la bioluminescence, provoquée par des gènes, qui peut être reproduite artificiellement. On synthétise ces gènes et on les intègre dans des micro-organismes qui deviennent ainsi bioluminescents. Les bactéries que l'on obtient peuvent être cultivées à l'infini et se présenter sous forme solide ou liquide. Concrètement, elles sont placées dans un liquide nutritif et enveloppées dans une coque en résine transparente pour fabriquer toutes sortes de produits lumineux.
La durée de vie de cette lumière augmente d'année en année : quelques secondes au départ, 72 heures en 2015, une semaine aujourd'hui.
Selon la créatrice, la lumière est douce et belle à regarder, et elle a des vertus relaxantes. Encore un peu de patience…
Sources, informations complémentaires
La réglementation sur le site du Ministère de la Transition écologique
Le site de l'ANPCEN
Sur la bioluminescence : Le Point du 21 juin 2018 n° 2390 et le site de Glowee
La fiche de synthèse du projet national Trame Verte et Bleue
Le Jour de la nuit
La page de l'ANPCEN sur le concours "Villes et villages étoilés"
La Nuit de la Chouette
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