Inviter la sittelle torchepot
La photo est bien à l'endroit, c'est la sittelle qui est à l'envers, position dans laquelle elle passe le plus clair de son temps. Tout dans sa morphologie est prévu pour vivre confortablement dans cette posture. Moins familière que la mésange, elle est assez facile à voir dans les jardins, voici les conditions à remplir pour qu'elle s'invite chez vous.
Une spécialiste des acrobaties la tête en bas
La sittelle torchepot (Sitta europaea) arpente les grands arbres à la verticale, en montée aussi bien qu'en descente la tête en bas. Contrairement aux pics (pic-vert, pic-épeiche...), elle ne s'appuie pas sur sa queue courte, elle utilise ses griffes, qui paraissent surdimensionnées par rapport à sa taille : elle a environ la taille d'un moineau, mais ses doigts et ses griffes sont beaucoup plus grands, ce qui lui permet de se suspendre et de marcher la tête en bas sous les branches.
Besoin de grands arbres
Cette spécialisation dans la façon de se déplacer lui permet d'accéder aux insectes que les autres oiseaux ne voient pas ou ne peuvent pas atteindre sous les branches. En revanche, cette posture n'est pas pratique sur les jeunes arbres à écorce lisse. Il lui faut des écorces rugueuses ou crevassées, des fissures, des trous, des anfractuosités où elle trouve son alimentation : insectes (notamment chenilles, œufs et larves, et coléoptères), araignées, petits mollusques. Aucun danger pour les arbres, elle soulève l'écorce et la mousse sans creuser le bois.
L'hiver, faute d'insectes, elle se nourrit de graines, faînes, noix, noisettes et glands. Elle se sert alors des écorces crevassées pour caler les fruits à coque et les casser à grands coups de bec sonores.
Ainsi, on peut facilement la voir, pratiquement sur toute la France, dans les parcs et les grands jardins, les ensembles de petits jardins arborés ou en bordure de forêt de feuillus, résineux ou mixtes.
En forêt, elle est très discrète, d'autant plus que son dos gris souris lui procure un bon camouflage lorsqu'elle est plaquée sur les vieilles écorces grisâtres. Dans les jardins, elle a appris à fréquenter l'homme, en gardant quelque distance. Pour la repérer, apprenez à reconnaître son "tuiiiiit", qui s'accélère quand elle est excitée, et ses variantes (par exemple avec cette vidéo). Ses coups de becs lorsqu'elle casse les noisettes ou les glands vous aideront aussi à la voir.
Toujours le même circuit journalier
La sittelle aime suivre son circuit préféré entre les grands arbres, à heures régulières.
Pour l'habituer à venir chez vous ou à proximité, disposez près d'un grand arbre une demi noix , ou quelques graines de tournesol (pas trop, car il ne faut pas la rendre dépendante de l'homme), qu'elle ira coincer et décortiquer dans l'écorce .
Si vous nourrissez les oiseaux l'hiver, elle viendra spontanément dans les mangeoires, où elle n'hésite pas à chasser les autres oiseaux.
Pourquoi "torchepot" ?
La sittelle niche dans des crevasses ou des anfractuosités naturelles, mais ne creuse pas de trous elle-même. Il est plus simple pour elle d'investir une ancienne loge de pic. Pour l'adapter à sa taille, elle réduit l'entrée en construisant un petit mur arrondi de boue argileuse, le torchis.
Sa cousine canadienne, la sittelle à poitrine rousse (Sitta canadensis) se protège même des prédateurs en utilisant de la résine comme répulsif.
Elle tapisse l'intérieur de la loge d'herbes, de poils, de plumes, d'écorces.
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