Septembre 2018, une hécatombe d'oiseaux, touchés par le virus Usutu
Un virus émergent
Le virus Usutu, du nom de la rivière d'Afrique australe où il a été découvert en 1959, est transmis par les moustiques. Il n'est pas nouveau, mais il explose actuellement en Europe de l'ouest. Après une première épizootie en 2016, puis une augmentation de la mortalité en 2017, l'été 2018 vient de battre encore le record, probablement favorisé par la chaleur.
Il appartient au genre Flavivirus, il est donc proche des virus de la fièvre du Nil occidental, de la dengue, de la fièvre jaune, du Zika et de l'encéphalite japonaise.
Il est surtout détecté en été quand les moustiques sont plus nombreux et plus actifs.
Les espèces touchées
Le virus Usutu a été diagnostiqué chez une centaine d'espèces. En Europe, les plus touchées sont les strigidés (chouettes, hiboux) et surtout les passereaux (bouvreuil pivoine, pic épeiche, mésanges, moineau domestique, rouge-gorge, étourneau, pie). Le plus souvent signalé, peut-être parce qu'il vit à proximité des humains, est le merle. En revanche, il est rarissime chez les mammifères. Il n'est pas considéré comme dangereux pour l'homme.
Repérer un oiseau suspect
Plusieurs symptômes sont repérables, mais ne sont pas spécifiques à cette maladie : plumage ébouriffé, perte de plumes sur le cou, yeux partiellement ou complètement fermés, faiblesse, prostration, désorientation, problèmes de coordination motrice, perte de poids, troubles nerveux.
Les oiseaux atteints meurent en quelques jours.
Les symptômes spécifiques ne sont repérables qu'à l'autopsie : organes congestionnés, avec des foyers de nécroses, de lésions (cœur, foie, reins, rate et cerveau), des anomalies du système nerveux central, ainsi que des anomalies cellulaires. On note aussi une augmentation du volume de la rate et du foie.
Comment agir ?
On ne peut guère soigner ni vacciner les oiseaux sauvages. Ornithomedia signale un cas de chouette qui a été soignée et s'en est sortie après des soins intensifs.
Signaler les oiseaux malades ou morts
Vous pouvez aider à une meilleure compréhension de la maladie en participant à la constitution d'une base de données. Plusieurs organismes peuvent recueillir vos signalements :
- en France, le réseau SAGIR,
- en Belgique, le Réseau de Surveillance sanitaire de la Faune Sauvage,
- aux Pays-Bas, l'association Sovon et le DWHC,
- en Allemagne, la NABU, en utilisant un formulaire.
Transmettez des informations détaillées, lieu, date, circonstances de la découvertes, et des photos si possible.
Envoyer les cadavres pour examen en laboratoire
Avant tout, vérifier que l'oiseau est bien mort et pas seulement étourdi, et qu'il ne simule pas la mort, tactique de certains oiseaux pour décourager les prédateurs.
Ne pas toucher un oiseau à mains nues. Prendre l'oiseau avec des gants que vous désinfecterez ensuite, ou un chiffon que vous jetterez, et placez-le dans un sac étanche. Puis contactez l'OFB (Office français de la biodiversité). Petit rappel : il est interdit de transporter des oiseaux sauvages sans autorisation, votre interlocuteur vous dira comment faire.
Notez que les analyses ne peuvent se faire que dans les 48 heures. de la mort. en attendant les consignes de votre interlocuteur, placez l'oiseau au frais ou au congélateur.
Prévenir : limiter la prolifération des moustiques
Les conseils d'Ornithomedia :
- Eliminer tous les objets ou endroits où l'eau peut stagner et donc favoriser les moustiques, tels que petits détritus, encombrants, pneus usagés, déchets verts,
- changer l'eau des plantes au moins une fois par semaine,
- supprimer les soucoupes des pots de fleurs,
- remplacer l'eau des vases par du sable humide,
- vérifier le bon écoulement des eaux de pluie et des eaux usées,
- nettoyer régulièrement gouttières, regards, caniveaux et drainage,
- couvrir les divers réservoirs d'eau avec une moustiquaire ou un tissu, évacuer l'eau des bâches.
Sources, informations complémentaires
Un article d’Ornithomedia du 30 août 2018 (les articles restent lisibles par tout public pendant un an, puis sont archivés, il faut alors s'abonner pour y avoir accès, au prix 10 € par an)
La page Facebook d'Ornithomedia
Sélection d'articles en Français de 2018
Celui du CIRAD du 22 juin 2018 : Usutu, un virus africain sous surveillance en Europe
Celui du Matin du 23 août 2018 par Christine Talos : Un virus transmissible à l'Homme tue les oiseaux
Le Bilan de la circulation du virus Usutu en France au 27 août 2018, sur la plateforme ESA (Epidemiosurveillance Santé animale, Centre de ressources)
Mise à jour du 31 juillet 2019 : une lectrice me signale un cas probable ces jours-ci en Indre-et-Loire, un rouge-gorge trouvé malade (notamment ébouriffé sur le cou) puis mort.
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