Maladies des oiseaux : prévention
Il n'est raisonnablement pas possible de soigner les oiseaux du ciel.
Il n'est pas non plus possible d'établir soi-même un diagnostic, seul un vétérinaire peut le faire.
Nous pouvons au moins éviter de propager les maladies par nos mangeoires, nos nichoirs ou nos bains d'oiseaux, en comprenant le mode de contamination des maladies les plus courantes.
Un oiseau tout gonflé dans mon jardin
Pas de panique, peut-être a-t-il froid tout simplement. En gonflant ses plumes il se constitue une épaisse couette isolante. Ou bien il est fatigué par la migration, ou l'âge. En revanche, si des anomalies s'y ajoutent ou si son comportement diffère nettement de celui de ses congénères, il est malade.
La salmonellose
Elle est causée par une bactérie du genre Salmonella. Elle est difficile à déceler car les symptômes peuvent varier en fonction de l'organe atteint : outre qu'ils ont le plumage gonflé et ébouriffé, les oiseaux peuvent sembler léthargiques et se laissent approcher facilement, ils peuvent avoir les paupières enflées, présenter des signes de dépression ou être amaigris.
Attention, ils peuvent être porteurs sains, capables de contaminer les autres oiseaux, il ne faut donc pas attendre de voir des oiseaux malades pour observer les mesures d'hygiène préconisées ci-dessous.
La propagation de la maladie se fait par la nourriture ou l'eau contaminée par les fientes d'individus infectés, ou de la nourriture contaminée par d'autres sources, ou par contact entre individus.
Selon la LPO, certaines années la salmonellose a provoqué des hécatombes autour des mangeoires.
Cette maladie est une zoonose, c'est-à-dire qu'elle peut contaminer les animaux domestiques comme le chat, et aussi l'Homme.
La coccidiose, la lankestérellose
Très fréquentes dans les élevages, ces deux maladies parasitaires des intestins peuvent atteindre plus rarement les oiseaux sauvages. La première est véhiculée par les poux rouges, la seconde, appelée également "maladie du gros foie" car elle provoque l'hypertrophie du foie, est véhiculée par les poux ou les moustiques.
Prévention
Voici les mesures de prévention de la salmonellose préconisées par Ornithomedia, également utiles contre la coccidiose et la lankestérellose :
- Si vous observez plusieurs oiseaux malades, retirez vos mangeoires pour au moins une semaine afin de laisser aux oiseaux le temps de se disperser. Ne réinstallez pas vos mangeoires avant d'être sûr qu'aucun oiseau infecté ne fréquente les environs. N'oubliez pas que la prévention constitue le meilleur moyen pour éviter les maladies.
- Utilisez de préférence des distributeurs du type "colonne" ou "trémie" : l'oiseau prélève une graine à la fois, qui est propre, et ne peut pas polluer les autres. Mais en plein hiver, ces distributeurs peuvent se révéler insuffisants pour faire face à l'arrivée massive des pinsons des arbres, chardonnerets élégants ou verdiers d'Europe.
- Dégagez une surface de terre ratissée sur laquelle les graines seront répandues. Une fois par jour, le soir, l'espace sera passé au râteau pour évacuer les résidus (fientes, enveloppes des graines) dans un sac poubelle.
- Les "petites maisons" distributrices de graines, très jolies, devront être désinfectées une fois par semaine. Pour cela, il faut une solution comprenant neuf volumes d'eau pour un volume d'Eau de Javel et utiliser des gants en latex. Il ne faut jamais procéder à cette opération dans l'évier de la cuisine ou le lavabo de la salle d'eau.
- Dissuadez les enfants de jouer près des distributeurs.
- Evacuez régulièrement les résidus (fientes + enveloppes) dans un sac poubelle.
- Rechargez les distributeurs le matin avec des graines propres.
Autre précaution : ne prenez jamais un oiseau malade ou mort à main nue. Faites-vous conseiller par un centre de faune sauvage ou la LPO régionale.
Tarin des aulnes femelle malade : les yeux qui coulent, incapacité à déglutir, difficulté à respirer... il va falloir tout désinfecter et disperser les oiseaux.
Des excroissances sur les pattes
Plusieurs maladies provoquent des excroissances variées, les plus courantes (papillomatose et gale des pattes) ressemblent à des masses de nourriture restées collées aux pattes. La poxvirose atteint aussi les pattes.
Prévention
- Les précautions pour prévenir la salmonellose éviteront également la propagation des maladies des pattes.
- Pour les oiseaux qui se nourrissent au sol, mieux vaut répandre les graines de façon disséminée sur sol inerte et facile à nettoyer (plutôt que sur la terre) : terrasse, gravier par exemple.
Des déformations sur la tête
Je vous laisse consulter sur internet les images assez effrayantes d'oiseaux complètement déformés par de méchantes excroissances. Il s'agit de la poxvirose.
La poxvirose ou variole aviaire
C'est une infection causée par des virus de la famille des Poxviradae et du genre Avipoxvirus.
Elle touche de nombreuses espèces d'oiseaux sauvages, merle noir, corneille noire, pinson des arbres, verdier d'Europe, chardonneret élégant, accenteur mouchet, moineau domestique, étourneau sansonnet... La mésange charbonnière est touchée par une forme particulière de poxvirose qui se traduit par des nodules verruqueux impressionnants.
Il existe une forme "sèche" et une forme "humide".
C'est la forme sèche qui est la plus visible et qui provoque des nodules cutanés ou pustules sur les zones faiblement emplumées : autour des yeux et du bec, sur les pattes, sur les ailes. L'incubation dure de quelques jours à plusieurs mois. Dans la nature, la plupart du temps les oiseaux faiblement atteints arrivent à récupérer. Mais ils sont rendus très vulnérables à la prédation du fait des effets des nodules sur la vision, et ils sont affaiblis par des difficultés à se nourrir. En outre, les nodules peuvent entraîner une infection bactérienne ou fongique secondaire.
La forme humide se transmet par inhalation du virus. Elle provoque l'apparition d'une membrane diphtérique au niveau de la bouche, du pharynx, du larynx et parfois de la trachée. Le risque de mortalité est plus élevé que pour la forme sèche.
On peut constater d'autres symptômes : affaiblissement, amaigrissement, conjonctivite.
La maladie est contagieuse par contact direct entre les oiseaux ou par un arthropode vecteur, par exemple le moustique.
La maladie n'est pas transmissible à l'Homme.
Prévention
- On peut reprendre les mesures d'hygiène préconisées contre la salmonellose.
- A cela s'ajoute l'arrêt du nourrissage pendant une période plus longue : un mois, du fait de la forte contagiosité.
- En été, veiller à éviter l'eau stagnante qui favorise la multiplication des moustiques, vecteurs du virus. La mare n'est pas un danger dans la mesure où elle abrite de gros consommateurs de moustiques.
Et les tiques ?
Les tiques sont un vecteur de maladies. Elles transportent d'un animal à l'autre tout un cocktail de bactéries, virus et autres microorganismes, et, même dans le cas où elles ne transmettent pas de maladie, elles affaiblissent les passereaux par la quantité de sang prélevé.
Prévention
On ne peut pas faire grand chose, à part protéger son jardin, et donc soi-même... en élevant des poules par exemple...
Voir mon article "Une tique sur un oiseau"
Sources, informations complémentaires
Une série d'articles sur le site Ornithomedia. Il s'agit d'articles "archivés", c'est-à-dire accessibles uniquement aux abonnés (tarif 2018 : 6 € pour 6 mois, 10 € pour un an).
Les articles de la LPO et de ses antennes régionales ou départementales.
Un article du Centre Vétérinaire de la Faune Sauvage et des Ecosystèmes des Pays de Loire sur la poxvirose de la mésange charbonnière au sein de l'Ecole Nationale Vétérinaire, Agroalimentaire et de l'Alimentation Nantes Atlantique.
Voir aussi sur ce blog Oiseau en détresse, Maladies des pattes des oiseaux et le virus Usutu
Merci à Martine BOUILLOT pour sa photo de poules blanches.
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