Le bouleau

Publié le par Marie-Claire RAVE

Novembre, les dernières feuilles du bouleau

Novembre, les dernières feuilles du bouleau

Le bouleau est une star qui sait très bien capter la lumière en toute saison : feuillage léger et frissonnant, écorce blanche, longs chatons. Le bouleau verruqueux (Betula pendula) a un port pleureur, le bouleau pubescent (Betula pubescens) a un port dressé et une écorce plus blanche.
C'est l'arbre préféré des oiseaux car il héberge de nombreux insectes et il produit de grandes quantités de graines.
A la création d'un jardin, il est très pratique car il pousse vite, autant que faire se peut pour un arbre, en revanche il ne vit "que" cent ans environ, et même moins si la région n'est pas suffisamment fraîche pour lui. Il permet donc d'occuper l'espace en attendant la croissance des arbres à pousse lente.
Si vous avez beaucoup de place ou si vous travaillez pour une entreprise ou une collectivité : il est magnifique en bosquet sur fond de conifères très sombres.

Son climat et son sol préférés
Il aime le plein soleil. Il supporte le froid - toute une place de Chamonix est plantée de bouleaux - mais pas l'ombre. Il craint la sécheresse : on ne le trouve pas en région méditerranéenne. Il consomme tellement d'eau en surface qu'il convient pour assécher une zone trop humide du jardin. C'est une espèce pionnière, l'un des premiers à s'installer sur un sol nu, qui supporte les sols pauvres, de préférence acides et humides. Le bouleau verruqueux tolère mieux le calcaire que le bouleau pubescent. 

Décembre : les chatons, qui dormiront tout l'hiver et se développeront au printemps

Décembre : les chatons, qui dormiront tout l'hiver et se développeront au printemps

Insectes

Bombyx versicolor imitant une feuille

Selon l'INRA, 140 espèces d'insectes sont liées directement ou indirectement au bouleau.
Mon préféré est le bombyx versicolore (Endromis versicolora), un papillon de nuit dont la chenille se camoufle en se faisant passer pour une feuille.
J'aime bien aussi l'histoire d'un autre papillon particulièrement lié au bouleau, la phalène du bouleau (Biston betularia), l'inventeur du "mélanisme industriel". En résumé, jusqu'au XIXe siècle, on ne connaissait qu'une forme claire, blanche finement tachetée de noir, comme l'écorce du bouleau. Puis, avec la révolution industrielle, on a constaté en Grande-Bretagne l'apparition d'une forme sombre invisible sur les arbres noircis par la pollution. Puis la forme blanche est revenue avec la fin du charbon. Futé !

Un leurre pour les chenilles processionnaires du pin

On constate que les chenilles processionnaires du pin (Thaumetopoea pityocampa) attaquent beaucoup moins les pins quand ils sont entourés de feuillus, et notamment de bouleaux. Une fois devenu papillon, Thaumetopoea pityocampa repère les pins à leur silhouette et à leur odeur ; la présence de feuillus brouille la forme des conifères et joue le rôle d'un camouflage olfactif. Ce papillon n'a qu'une journée à vivre, et il suffit de perturber un peu sa perception visuelle et olfactive pour qu'il n'arrive pas à pondre à temps.

Janvier, l'écorce lumineuse et les chatons par milliers

Janvier, l'écorce lumineuse et les chatons par milliers

Oiseaux
Vous pourrez voir beaucoup d'oiseaux dans les bouleaux, aussi bien des insectivores que des granivores, en particulier les mésanges, les chardonnerets et les sizerins flammés.

Chardonneret sur un bouleau (Betula pendula)

Chardonneret sur un bouleau (Betula pendula)

Accessoirement pour les humains

La sève de bouleau est réputée pour revitaliser le corps à la sortie de l'hiver, en cure "détox", car elle est extrêmement riche en vitamines, minéraux et oligo-éléments.
On choisit un arbre adulte, d'au moins vingt ans. On récolte la sève en forant un petit trou dans le tronc à la perceuse avec une mèche de 6 ou 8 mm, profond de 4 à 5 cm, et ceci à 40 ou 50 cm du sol. On y enfonce un chalumeau (petit tuyau) en cuivre. On laisse s'écouler la sève par un tuyau en plastique branché sur le chalumeau, vers un récipient posé au sol. Ou bien, pour éviter le plastique, on attache directement le récipient au tronc juste sous le chalumeau. La récolte commence à la fin de l'hiver ou au début du printemps, à la montée de la sève, et s'arrête dès l'apparition des feuilles, au moment où l'arbre en a besoin. C'est alors qu'on extrait le chalumeau et qu'on rebouche l'entaille avec une cheville de bois qui cicatrisera.
La cure traditionnelle des pays d'Europe du Nord consiste à prendre 1/2 verre par jour à jeun pendant trois semaines. A consommer rapidement après la récolte : la sève se conserve au frais, et seulement deux à trois semaines.
Il ne faut pas la confondre avec le jus de bouleau, moins concentré en minéraux et oligo-éléments, qui est une décoction de feuilles. A acheter et non à faire soi-même.

En phytothérapie, le bouleau est traditionnellement reconnu comme un diurétique et un anti-inflammatoire naturels. Il contribue au traitement des infections urinaires, à l'élimination des calculs urinaires, à la réduction des douleurs de l'arthrose et au traitement des petites affections de la peau.
Comme tout traitement, il peut être contre-indiqué, renseignez-vous bien auprès de votre naturopathe ou de votre médecin avant de l'utiliser.

! ! !  Allergies
Certaines personnes sont allergiques au pollen de bouleau ! Dans ce cas, toute autre utilisation du bouleau sous quelque forme que ce soit (sève, jus, feuilles, huile essentielle...) est contre-indiquée. Il en est de même pour les allergies aux salicylates, dont fait partie l'aspirine, et en cas de grossesse. Consultez votre médecin.

Sources, information complémentaires
Pour le mélanisme industriel de la phalène du bouleau, le site Evolution biologique.
Pour les insectes inféodés au bouleau, le site de l'INRA (Institut National de Recherche Agronomique).
Pour le bombyx versicolore, le très sérieux et non moins souriant site insectes.net d'André Lequet.
Pour participer à la préservation et à la plantation de haies, l'association La Haie donneurs.
Pour les processionnaires du pin, voir ici.
Pour l'utilisation en phytothérapie, la page du site Vidal.

 

A retrouver dans le livre Merveilleuse faune du jardin

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